#752

>> Nice to see you (3)

Deux fois en peu de temps que je me rends dans l’inquiétant no-man’s land qui git dans l’ouest lyonnais… Vaulx-en-Velin, que ça s’appelle: une immensité triste, une zone de friches industrielles, d’autoroutes, de pavillons borgnes perdus au milieu de rien, de terrains vagues, de HLM isolés… Et puis, au bout d’un voyage inconfortable, on débarque dans le « centre ville » (they say) de Vaulx-en-Velin, constitué par des immeubles modernes bas, des chaussées aseptisées, des forêts de lapadaires, des pistes en briques auto-bloquantes… Toute l’horreur d’un ghetto. Et avez-vous remarqué comme chez « les pauvres » les murs sont toujours usés, les peintures éraflées? C’est le cas ici: neuve, cette ville semble déjà fatiguée, élimée, défraîchie.

Le rapport avec Nice, me direz-vous? C’est qu’avant-hier soir je suis allé au festival « À Vaulx Jazz » afin de voir Marc Perrone. Qui jouait de son accordéon métamorphique sur un court-métrage de Jean Vigo, donc muet et en n&b, consacré à la ville de Nice. Manichéen (les riches, les pauvres) mais très esthétique, véritablement fascinant. Au final, une vingtaine de minutes de bonheur délicat et surprenant, de poésie magique: pas le moindre doute, Perrone est un très grand monsieur.

Las, pauvres fous que nous sommes: venus pour voir l’émouvant Perrone, nous restâme malgré tout pour écouter l’ennuyeux et fort snob Louis Sclavis. Qui commença par faire du bruit en illustration de quatre DA typiquement « étudiants d’art », puis nous infligea in-extenso un des pires navets cinématographiques que j’ai eu la malchance de voir — Dans la nuit de Charles Vanel. Une grotesque pantomime auxc clichés socio-sentimentaux éculés, dont on ne pouvait retenir que quelques rares images de mines et de manufactures. Pour le reste, l’ennui complet, et une fin plus ridicule encore — « Mais que c’est bête les rêves » , dit l’héroïne en sortant de son cauchemar. Rire nerveux.

Et là-dessus, Sclavis et ses (excellents) musiciens de broder des thèmes plaisants mais beaucoup trop froids, d’une composition toujours convenue dont seul le percusionniste parvenait à tirer des épingles. Quelle prétention! Pourquoi diable dépense-t-on tant d’efforts et d’argent pour restaurer un si piètre film? Nous fûmes bien punis: rentrer à pied de Vaulx à Lyon n’a rien d’amusant — dans la nuit, indeed.

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