#1401

Where no man (in a sane mind) has gone before. La nuit dernière, expédition à Craponne. Dans une Kangoo jaune, avec musique de Michel Sardou un moment en fond sonore. Brrr. Ah, et j’oubliais presque: au sein d’une sévère tempête de neige. Tout ça pour aller voir une pièce de Tchekhov, on n’a pas idée! Ils ont pas de salles, à Lyon, que le Conservatoire est obligé d’aller enterrer ses spectacles dans une fort lointaine banlieue?

Et puis c’est riant, Craponne. « Fastfood »: ah ben non, plus de pizzas avant 1h40. Nous échouâmes vers minuit, au retour, les estomacs hurlants, dans le parking obscur d’un MacDrive suburbain, la loupiotte éclairant juste assez le dehors pour que l’on distingue une rangée de poubelles vacillant sous la bourrasque nocturne.

La pièce, sinon, était bien chouette. On m’avait annoncé une mise en scène genre David Lynch, en fait c’était franchement les Robins des bois à Halloween. Très marrant, très grinçant, impeccable. Si seulement on n’avait pas subit la première partie, ç’aurait été encore mieux: le théâtre intello dans toute sa caricature, avec diction entre ânonnements et beuglements gratuits, dialogues en abstractions de querelles hétéros et dramaturgie prétentiarde.

12 réflexions sur « #1401 »

  1. Très amusant ton commentaire de la mise en scène de Tchékov. Une interrogation, cependant : qu’est-ce donc que des « dialogues en abstractions de querelles hétéros » ???

    Giangi

  2. pour répondre à Ganji: des dialogues qui posent dans le vide, comme s’ils étaient abstraits, des échanges colériques au sein d’un couple homme-femme. des hétéros qui s’engueulent et s’apostrophent avec véhémence sur les supposés rôles de l’homme et de la femme, rôles visiblement purement hétérosexuels chez cet auteur.

    mais j’ignore si les habitants de Craponne sont des Crapos.

  3. « le théâtre intello dans toute sa caricature, avec diction entre ânonnements et beuglements gratuits, dialogues en abstractions de querelles hétéros et dramaturgie prétentiarde. »

    « rôles visiblement purement hétérosexuels »

    Merci andré, c’est un plaisir de voir ce que peu dégager tchekhov, est-ce platonov que tu qualifie de rôle purement hétérosexuel ( je n’ai pas saisi)? et si c’etait le cas cela poserai-t-il un problème? comment doit-on jouer tchekov l’ours ou la demande en mariage sans être taxés de « simples » hétérosexuels, voilà une vraie question.

    Est ce les rôles ou les acteurs que tu trouve « purement hétéro » je ne saisi pas, et je ne comprend pas en quoi cela interfère dans la critique d’un travail de conservatoire…
    Les textes de tchekhov (et platonov notament) doivent ils être donné par des pseudo montgomery clift, pour que tu puisse y voire une once d’ambiguité dans leur sexualité? ou alors ne sont ils pas destiné à être mis en scène par une femme? les rapports hommes femmes sont ils à bannir des scènes de théâtre? ou est-ce tchekhov qui n’est pas assez subtil?
    eclaire moi s’il te plait!

    « tous les amours devrait-ils se ranger dans une categorie connue ? » Anton Tchekhov platonov

    Peux tu aussi me donner ta définition du théâtre intello », j’imagine que ceci est compliqué tant il est compliqué de définir le mot intello et tant il est compliqué de définir ce qu’est le théâtre….
    D’autant plus que cette « dramaturgie prétentiarde » avait pour interet de SIMPLIFIER le rapport au théâtre en montrant par le plus simple des EFFETS que des étudiants de cycle 3 allaient jouer du tchekhov, sur un plateau nu, avec pour seule arme leur travail de 6 mois, leur collaboration et biensûr leur « beuglements gratuits » et autres « ânonnements ».

    L’élément de distanciation (ardoises, présentation formelle des personnages, etc…) me parait entrer dans une démarche humble du travail de comédien, en tous cas je n’imaginaient pas qu’ils puissent servir une « dramaturgie prétentiarde »

    Je comprend aisément que ce rapport au théâtre (type meyerhold) n’est pas universel et ne peut pas plaire à tous, mais il s’agit, dans le sens ou elle est accecible à tous, d’une forme simple (et non intello). Ensuite cette dramturgie prétentiarde, est servie par une forme qui fait partie de l’histoire du théâtre, je comprends qu’elle puisse perdre le spectateur s’il est demandeur de pûr fiction, mais je te garanti qu’elle est au service du jeu et du texte…

    Il n’y a pas plus simple comme scenographie mais, effectivement, pourquoi faire simple quand on peu faire compliqué et ansi ne plus être taxé d’intello.

  4. Hm.
    Je m’étais appliquée à écrire un commentaire long et argumenté pour expliquer pourquoi je n’étais pas d’accord avec vous. Pas de bol, il s’est évaporé, et doit sûrement errer telle l’âme en peine moyenne dans les limbes binaires du world wide web.

    Enfin, pour résumer :
    Loin de moi l’idée de vouloir changer votre ressenti sur cette première partie mais il me semble que ces commentaires sont quelques peu lapidaires et sévères.
    En effet, il s’agit là d’un travail d’élève, dont la représentation à un public a avant tout un but pédagogique (quoi de plus nécessaire pour un comédien que de confronter son travail à un public) et qu’il ne s’agit pas de mise en scène, simplement du comédien, et de son rapport au plateau, aux autres comédiens, au public.
    Rapport qui visiblement ne vous a pas plu.

    Pour ce qui est du caractère tout hétérosexuel de Platonov, La demande en mariage, et L’ours, c’est notre cher Anton qu’il faut dans ce cas clouer au pilori, pas les étudiants et leur apparemment mauvaise élocution.

    Enfin, je pense sincèrement que ne pas avoir apprécié cette présentation et vouloir en parler est légitime, mais le faire sous la forme d’un accumulation de mots vides de sens (caricature de théâtre intello? dramaturgie prétentiarde? mon cerveau doit être lent, je ne percute pas) et sans davantage d’argumentation me paraît peu sage.
    Cela dit qu’est-ce qu’on a à foutre de mon opinion, je suis bien d’accord, pas grand chose.
    Il fallait tout de même que cela fût dit.

    Bien amicalement,
    Alexia.

  5. chère Alexia,

    la pièce où vous étiez, vous-même, était vraiment formidable: drôle, impertinente, inquiétante, avec une mise en scène inventive et intéressante. la première partie m’a absolument barbé en revanche. j’ignore si réaliser une compilation de poncifs sur les rapports conflictuels homme/femme est pédagogique, mais toujours est-il que j’ai trouvé cela, de manière tout à fait subjective, très ennuyeux. il est bien possible que je sois « peu sage », ceci dit.

  6. that is the question: est-ce que c’est Platonov qui m’emmerde subjectivement, ou bien juste le fait qu’il ne s’agit là que d’extraits tronçonnés et remontés? j’en tendance à penser que c’est l’effet de collage qui m’a « indisposé ». 🙂

  7. Je me permets d’en rajouter une petite couche, parce que je suis vraiment scandalisée et énervée par ton article.
    Premièrement : tu parles de théâtre intello, chiant à mourir apparemment, et incompréhensible. Ton constat me pose un gros problème quand je vois comment tu rédiges tes articles, les termes que tu emploies, les tournures de tes phrases, etc. Je ne comprends même pas toutes tes critiques. Tu es pour moi l’intello dans toute sa splendeur, mais peut-être le revendiques-tu…
    Deuxièmement, vu que la moitié de ton article concerne le lieu, Craponne, je vais te répondre très franchement. Nous aussi on a fait les aller-retour Lyon-Craponne, tous les jours pendant la dernière semaine même, et tu sais quoi ? ON N’EST PAS MORT. Et oui, pour nous aussi jouer sur Lyon aurait été plus pratique. Craponne est moins accessible, mais ce n’est pas à 50 kilomètres non plus, donc arrête tes constats de jeune bourgeois.
    Troisièmement, s’il y a bien de la prétention quelque part, c’est dans ton blog et dans cet article. Pour ma part, je n’ai jamais prétentu apprendre le théâtre aux autres ou détenir le secret du jeu de l’acteur.
    A bon entendeur, salut. Et à bientôt au théâtre de la Tête d’Or…

    Eva

  8. Cher André,
    Nous sommes sincèrement choquées par les propos que vous tenez sur la présentation de travaux des élèves du Conservatoire à Craponne.
    Que vous n’aimiez pas, c’est votre droit le plus légitime. Que vous critiquiez la mise en scène aussi, encore faut-il le faire de manière intelligente et constructive, ce qui n’est pas le cas.
    Nous voulons vous rappeler quelques points sur lesquels, à notre sens, il n’y a pas matière à polémiquer.
    Tout d’abord, il s’agissait d’une présentation de travaux d’élèves, et non d’une mise en scène. Nous sommes tous élèves en cycle 3 au Conservatoire de Lyon, et donc en APPRENTISSAGE. Ce que vous avez vu, chez les deux groupes, était une proposition, et une tentative de jeu à partir d’un texte, encadrée par des intervenants au service des élèves, de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont en eux.
    Par ailleurs, quelle différence faites-vous entre une « querelle hétérosexuelle » et une querelle homosexuelle ? Il n’était absolument pas question de ça dans les textes. Fallait-il faire jouer les couples de Platonov par deux hommes ou deux femmes ? Votre propos est incompréhensible.
    N’est-il pas justement « faussement intello » de cataloguer ainsi les rapports amoureux ? Une dispute est une dispute, il s’agit de désir avant tout, à notre sens.
    Enfin, pouvez-vous nous dire où est la prétention face à un plateau nu et des acteurs au service d’un texte ?
    Il est bien dommage que lorsqu’on invite des gens (parce que c’était bien d’invitation qu’il était question…) à venir voir nos travaux, ils ne portent pas tous des regards bienveillants, qu’ils aient aimé ou non.

    Anna (Tatiana Répina) et Eva (Platonov)

  9. Ah c’est génial! De nos jours émettre un avis défavorable, et certes, un peu lapidaire, sur quelque chose et c’est tout de suite cris d’orfraies et scandale, protestation et véhémence! Pour une critique dans un blog! On croit rêver…!
    Si on s’expose, on s’expose à la critique et il faut savoir l’accepter sans en faire trois caisses et un petit train…

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