#2207

Rédigé ce week-end la deuxième de mes trois promenades londoniennes commentées, celle qui va tout au long de l’eau de la Tamise depuis Richmond jusqu’à Hammersmith. Je l’ai faite de nombreuses fois et avec pas mal de personnes différentes, cette loooongue balade — 26 km en tout, mais je ne la fais pas tout le temps en entier, on peut la rompre en deux. Pas de vue au sol « street view » dans Google Earth pour les sentiers piétons (ils sont encore dans la dictature automobile), mais en survol je suis malgré tout parvenu à tout reconnaître/suivre, pour bien vérifier chaque segment du parcours. Et du coup, tout cela m’a donné envie de regarder la série documentaire A Year at Kew — très agréable.

Maintenant, il faut que je m’attaque à la rédaction de la balade Sherlock Holmes, que je n’ai parcourue en entier et d’un seul tenant qu’une seule fois. J’en connais bien chaque segment, cependant.

#2206

Grande, immense tristesse. Moebius est décédé ce matin. Je ne trouve pas les mots pour exprimer l’ampleur de mon chagrin, le choc. L’ouvrage collectif que je dirigeais aux Moutons électriques (dans le même esprit que notre Alan Moore) se fera malgré tout, bien entendu, mais qu’il soit posthume me bouleverse. S’il y a quelqu’un qu’en bédé j’admirais énormément, au même niveau que Franquin, c’était bien monsieur Jean « Moebius » Giraud. Un géant.

#2205

Depuis le temps que j’y songeais: fini de rédiger la première de mes promenades/guides, pour le Bibliothèque rouge sur Londres. Loué soit Google Earth, qui permet de tout vérifier et de refaire les trajets virtuellement: un plaisir! Boulot énorme, en tout cas — cinq jours pleins! Et près de 40 000 signes. Cette balade part de la gare de St Pancras et va zigzaguant jusqu’à Charterhouse Square (près de Barbican). Rimbaud, Lénine, Machen… et Hercule Poirot. L’une de mes satisfactions, c’est d’avoir découvert que les bâtiments que j’avais trouvé chouettes, au cours des années et des parcours, sont tous classés et ont chacun une histoire fort intéressante. Merveille du web, le site British Listed Buildings dit tout. Allez, deux autres balades à rédiger: sur les traces de Sherlock Holmes, et au long de la Tamise semi-champêtre (de Richmond à Hammersmith).

#2204

Je lis aussi (merci Julie) Promenades anglaises de Christine Jordis, beau recueil en bonne part psychogéographique et en tout cas géographico-littéraire. Oh, que de la bonne vieille « culture officielle », bien sûr, rien que du sage et du fermement reconnu, mais l’auteur en parle superbement.

Contre la conviction d’être damné, contre la sensation de glisser dans la folie et l’obsession du suicide, De Quincey avait trouvé un remède : la marche. Peut-être est-ce aussi la continuité de la marche, un pas enchaîné à un autre, de façon sûre, inévitable, lorsque cet exercice est poussé jusqu’à l’automatisme et que le corps prend le relais de l’esprit, peut-être est-ce ce mouvement pur qu’il faut entendre passer dans ses textes. J’aime à me représenter De Quincey, étudiant évadé, philosophe de la rue marchant dans Londres indéfiniment et « méditant sans cesse à travers le tourbillon de la grande cité ».

#2203

Vendredi dernier, j’ai bossé toutes fenêtres ouvertes tellement le printemps. Oui, tellement le printemps. Aujourd’hui, pas d’ouvertures: ciel gris-gris, humidité, ces deux dernières nuits ont été d’une pluie battante, qui grésillait sur les murs de ma chambre au pignon de l’immeuble. Mal dormi, peu dormi, pourtant je pense que mon récent coup de fatigue tend déjà à s’atténuer. Ce week-end j’ai rédigé trois chapitres de Hercule Poirot, une vie, ils sont chez le professeur Mauméjean pour l’étape de révision/complément, ça nous en fait quatre déjà. Si tout va bien, je devrais me plonger dans le vif du sujet ces prochains jours — dès que j’aurai fini de rédiger ma promenade londonienne d’Argyle Square à Clerckenwell Green, car je retournes à Londres en fin de mois et aurais certainement besoin d’en tester une dernière fois certains détails. Les deux Bibliothèque rouge sur Londres et Paris avancent à grands et passionnants pas. J’ai embauché Alexandre Mare pour co-diriger le second. Nicholas Royle vient de me donner l’accord de faire traduire sa promenade à Paris sur les traces de Topor ainsi qu’un article inédit sur Londres. Le vol d’un hélicoptère vient de gronder au-dessus de mon quartier, une moto grommelle dans la rue. Je lis Mimosa de Vincent Gessler après une trilogie de space op gauchiste par Ken McLeod, le cinquième et dernier Gail Carriger et quelques belles bédés de Jean-C. Denis.