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Lectures amicales. Au sein du flot des livres, ceux des amis ont forcément une importance toute particulière, une singularité qui me conduit même à lire des thèmes, des styles, que sans doute je n’aborderais guère sinon. Je ne sais plus si j’avais exprimé ici l’admiration et le plaisir que j’avais eu à lire, sur manuscrit, le prochain roman de Xavier Mauméjean? Je n’en connais pas le titre définitif et il ne semble pas encore être annoncé, mais mazette, mes amis, quelle belle claque. Guettez-le.

Et du même je viens de lire un roman jeunesse, L’Ami de toujours. Je l’avais d’ailleurs commencé je ne sais plus quand, et abandonné je ne sais pourquoi non plus, mais ça m’arrive très souvent — d’autres choses à lire d’urgence pour tel ou tel travail, ou bien encore, pas d’humeur, allez savoir. J’en gardais pourtant une curiosité, l’envie de connaître la suite. J’ai tout relu, c’est court et fluide, et aimé bien sûr. Et pourtant: c’est dur, froid, je n’irai pas naturellement vers une telle fiction. D’autant que ça s’adresse ouvertement aux jeunes geeks, en plein dans leur culture — univers secondaire, boîte de prod, États-Unis, etc. Mais l’intrigue accroche bien, cet ami imaginaire qui soudain est là, dans le réel, menaçant, trop beau, trop sûr de lui — et que se passait-il alors, pendant leur enfance? Étrange, tendu et inclassable, un peu à l’image du Camelot de Fabrice Colin, paru il y a déjà quelques années. Non que les intrigues soient semblables mais une certaine ambiance, un malaise… Je me demande vaguement ce que donnent de tels livres, commercialement parlant, mais pour le lecteur que je suis ce sont de beaux moments.

Juste avant, j’ai lu Infiltrés de Laurent Queyssi, un autre roman jeunesse, ou plutôt, c’est ainsi que les éditeurs français disent en ce moment: « young adult ». Je me souviens d’un débat il y a longtemps, dans un salon, où je m’étais fait apostropher par un lecteur qui trouvait qu’il était absurde de prévoir des livres pour les « jeunes adultes », puisque ceux-ci lisaient tout bonnement les livres pour les adultes. J’ai dans l’idée que ce lecteur avait raison, mais allez savoir: après les Américains, depuis longtemps, voici que les Français découvrent cette étiquette éditoriale. Et puis, cela permet l’éclosion de romans qui n’existeraient pas chez les éditeurs « adultes », c’est certain. Bref, l’ami Queyssi de livrer un espionnage, comme il les aime, mais avec un djeun’s en fauteuil roulant comme protagoniste. Là aussi le ton est plutôt froid (genre oblige), la langue simple (public oblige?), mais en revanche c’est bien « fun », très enlevé. Je ne suis pas du tout fan d’espionnage, mais ça m’a amusé.

Et puis maintenant je lis le recueil de nouvelles de Michel Pagel, La Vie a ses rêves, avec des textes dont je me souvenais un peu, d’autres que je découvre, et toute la palette du talent de cet auteur, dont le style tranquillement lyrique me plaît toujours autant : Pagel a toujours eu une vraie « voix ».