#2315

Dernières lectures : si je ne m’arrête pas un instant afin de dresser une liste, j’ai vite fait d’oublier… Alors voyons voir, bien sûr un bon paquet de romans policiers « golden age », comme d’habitude — Crime at Christmas de C.H.B. Kitchin, étonnamment psychologique et « stream of consciousness » pour un roman de ce type et des années 30 ; et deux excellents JJ Farjeon, le fort classique mais superbement écrit Thirteen Guests et le curieusement feuilletonesque The Z Murders ; et l’amusant Canon in Residence du révérend Whitechurch.

Sinon, j’ai relu une trilogie qui m’est chère, de Nina Kiriki Hoffman : A Red Heart of Memories et Past the Size of Dreaming, avec leur prequel A Stir of Bones. De la fantasy urbaine totalement originale dans la manière dont elle imbue tous les éléments et tous les objets d’une âme ou d’une force, ainsi que dans sa tonalité si douce, presque « trop gentille » mais toujours équilibrée — de la « cuddle fantasy », peut-être?

Relecture également, celle du Tourists de Lisa Goldstein, splendide fantasy urbaine / réalisme magique, d’une poésie et d’une étrangeté fascinantes. Pour moi, Lisa Goldstein demeure l’une des voix majeures de la fantasy américaine, je me réjouis d’ailleurs qu’elle sorte une nouveauté le mois prochain.

#2312

Ce fut un week-end assez « brassant », un roller-coaster émotionnel ayant débuté par la soirée de lancement du Panorama dans une librairie bordelaise (présentation et signature, en compagnie de mes camarades de jeu Nicolas Labarre et Patrick Marcel — photo ci-dessous par Nathalie Mège) et… eh bien, disons qu’il s’est finalement achevé dans la beauté des hauteurs nocturnes, par un concert de Snarky Puppy, groupe de jazz-rock fusion réjouissant d’énergie et de fun.

Je sors peu le soir et demeure donc émerveillé, non blasé, par les feux du Bordeaux nocturne. La flamme gothique de Saint-Michel, les quais qui pulsent d’une lumière dorée, les mascarons grimaçant sous les lanternes, les tramways glissant comme de sombres obus, au-dessus des toits la courbe blanche de la grande roue et les étincelles multicolores de la foire aux Quinconques. Me suis dit qu’il faudrait que je trouve l’occasion, un jour, de monter sur la grande roue. Je l’avais fait il y a trente ans, était-ce avec Charlotte ou bien avec Emmanuelle ? Je le referai bien, plutôt avec un garçon, soupira-t-il avec un romantisme un peu narquois, mais dans l’immédiat je me contente d’admirer de loin ces échardes lumineuses de la fête foraine.

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#2311

Ce matin, au marché, j’ai entendu une dadame proférer un « La vie n’est pas un long fleuve tranquille » et lorsqu’effectivement elle ne l’est pas, tranquille, j’essaye de trouver quelques lectures apaisantes, agréables et/ou amusantes. M’étant senti intranquille un soir, j’avais donc monté dans ma chambre un Elizabeth Goudge qu’il ne me semblait pas avoir lu, The Scent of Water. Roman, tardif puisque de 1963, ce qui lui confère une certaine patine de modernité, la protagoniste comparant la quotidienneté affairée de Londres au calme rural du recoin où elle choisit de prendre sa retraite. Voilà qui me parle.

J’aime de longue date Elizabeth Goudge : c’est Michel Jeury qui m’en avait conseillé la lecture, dans les années 1980, quand j’étais étudiant à Bordeaux. Depuis je n’ai plus cessé de revenir, de temps à autre, à cette formidable grâce apaisante, lumineuse et tendre. Je lui ai même consacré un chapitre dans le Panorama, tant elle imbue le réel d’une certaine magie (pas seulement chrétienne fort heureusement). Plaisir supplémentaire de ce volume-ci, un « hardcover » américain d’époque, à l’épais papier crémeux, portant la signature de l’auteur en fer à chaud sur le premier plat, plaisir donc que de redécouvrir une carte postale d’Ellen Kushner et Delia Sherman, qui m’avaient offert quelques Goudge en apprenant que j’en suis amateur. « We hope this sweet & soothing book brings you comfort & healing »… C’est parfaitement résumé, merci mes amies.