#2457

J’ai lu le Spirou de Frank Pé et Zidrou. Jolie histoire, qui parvient à appartenir tout autant à l’univers franquinien de Spirou qu’à celui animalier de Frank. Graphiquement, ça se cherche un peu trop, aucune synthèse n’est faite entre un Spirou super mignon, d’autres perso qui hésitent tout le temps entre réalisme et caricature, et même certains (les journalistes sur l’écran) qui retrouvent l’anguleux des débuts de l’auteur, qui a vraiment perdu la grâce de ses premiers Broussaille. Le résultat est assez beau mais tout de même d’une esthétique passablement bancale, pas aboutie. D’autant que le scénario ne semble pas fini : c’est quoi ce plan avec les champignons noirs, développé puis abandonné sans explication ?

Et bien entendu, les auteurs cherchent à caler ce pauvre Spirou avec une fille à la fin de l’histoire, ça devient vraiment une rengaine, ça — bon sang que j’en ai ras-le-bol de tous ces crétins de bédéastes hétéros, qui se croient absolument obligés d’ajouter un rapport amoureux à la femme, mais qu’ils sont bornés ! Il y a pourtant quelques jolis efforts ici, quelques allusions sympas, comme les conseils de Champignac au couple Fantasio – Spirou, ou la gamine qui voyant Fantasio demande à Spirou si c’est son mari — mais les auteurs ont cru nécessaire d’ajouter un Spip hilare à l’idée que Fantasio soit traité de « mari », eh bien quoi, c’est une insulte, « mari » ? Sans cette demi-case le propos aurait été pour une fois un peu ouvert, mais non, on retombe toujours dans des réflexes plus ou moins homophobes. Ça me gonfle vraiment, voilà des auteurs qui se la jouent grands sentiments et pourtant, gérer un personnage certainement gay les gênent aux entournures. Marre de marre de cette frilosité réac.

Bref, un album dont le dessinateur n’est à l’aise ni dans son style ni dans son propos.