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Il y a peu, mon excellent camarade Patrick, vil tentateur, m’incita à acquérir un lot de vieux guides sur Londres, qui rejoignirent ma collection en la matière. C’est dans ceux-ci que j’ai pioché quelques brèves descriptions d’un quartier que je savais avoir disparu sous les bombes allemandes : Paternoster Row, cher notamment au détective Harry Dickson. C’est le bonheur d’une uchronie d’offrir ainsi un décor qui en vérité, de nos jours et dans notre univers, ne présente pas le moindre intérêt : les lieux n’accueillent plus que des immeubles récents et des boutiques de chaînes. Alors que pour le parrain de Bodichiev (un personnage que je regrettais de n’avoir presque pas mis en scène jusqu’à présent) il s’agit toujours d’un havre de bouquinistes et d’éditeurs, un délicieux coin de Londres abrité sous Saint-Paul, labyrinthe de petits bâtiments du dix-septième siècle emplis d’une quantité prodigieuse de livres. Je m’efforce dans ce « roman choral » que je construis lentement de faire le portrait des gens et des lieux de mon univers parallèle, plus en détail et de manière plus multiple qu’à travers la focale forcément étroite des nouvelles du cycle.