A l’extérieur les murs sont blancs ; à l’intérieur ils se couvrent de livres, et les pièces prennent des aspects de cosy labyrinthe où chaque pas, chaque regard, accroche une reliure de Pipolin, un tas de romans photo, une pile de recueils de contes, un alignement de Marabout, des Conan au lettrage seventies ou les dos jaunis de quelques Théo Varlet. Que la conversation roule sur de vieux « Présence du Futur », sur une nouvelle de Heinlein ou sur les romans de Bérato-Dermèze et il suffit de consulter les rayonnages, derrière le désordre de fauteuils et de canapés. Le bordeaux sombre du plafond et la noirceur des poutres rappellent un pub anglais. Au dehors, un dîner de chat laisse sur les dalles rouges deux ailes et une poignée de plumes blanches, tandis qu’au dessus de nous tournent les fuseaux noirs des chauves-souris. Les tourterelles commèrent dans les grands arbres, les humains simplement sur des chaises. Les nuages prennent des langueurs et des teintes à la Maxfield Parrish. Chaque bouteille de bière porte des noms étranges et même le thé se métisse de coquelicots. Une piéride des choux tressaute dans l’air comme un copeau de lumière. Les baies noires du sureau dodelinent au pied du houx, dont les fruits ne sont encore qu’orangés.