L’orage grommelle, la pluie grésille, le vent bouscule, les nuages défilent. Dans le salon sentant l’encaustique, j’écoute le dehors s’agiter, me tiens parfois à l’une des portes afin de humer l’averse. Ennui de la campagne sous le gros temps et pulsation de l’arthrose dans mon épaule droite : un dimanche à sentir son âge.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#5064
Comme un premier jour d’automne sur Champignac, avec ce voile bleuté d’une moiteur translucide qui gomme légèrement les prairies. Si les feuillages portent tous des gouttelettes, et que le tapis roux des feuilles mortes colle aux semelles, la mare demeure toujours vide. Au sol rougissent de petites pommes de pin. L’air fleure bon le périchor et la menthe.
#5063
À Champignac, d’avoir moissonné les prairies il y a quelques semaines bénéficie à la menthe blanche, qui les couvre maintenant de ses fleurs graciles et de ses feuilles odorantes. La chaleur tardive accalme une campagne immobile et silencieuse, seulement troublée de quelques grésillements d’insectes sous les nuages filasses. Un ragondin a été aperçu cette semaine, je n’ai pas la chance de l’avoir vu.
#5062
#5061
Les tambours de la ville battent lentement, pulsation ferroviaire et rumeur automobile. La nuit tombe déjà tôt, dans des embrasements d’or et de rose que n’oserait pas un décorateur d’intérieur de bon goût. Un flot d’ombres bat sous les feuillages du patio et filent en silence quelques pipistrelles dans la nuit neuve. Une froide lueur électrique maquille la résidence d’à côté d’une pâte à la Magritte. Une bruine de passage éveille mollement des reflets sur les carreaux. Soir engourdi.
