#5085

La nature paraît calmée, se gonflant de cette humidité fragile, un peu de pluie appliquée comme un baume sur ses rousseurs. Au potager tout est gouttelettes. Dans le ciel gris monte une masse orageuse noire, occultant la direction de Bègles. Installé à la petite table devant les volets ouverts de ma chambre, je respire, j’entends les pies, j’écris – 620 000 signes au compteur.

#5082

« Bombay tacos » cligne près de la gare une petite enseigne au cosmopolitisme échevelé. Le ciel pèse de ses nuées grises et rousses, se dégageant par déchirures lentes sur un bleuté encore tendre à cette heure matinale. Levé à 7h du matin pour partir en week-end à Champignac ; mission : la dernière partie de mon roman, pas la plus facile.

#5079

Entre chaleurs, incertitudes et des fragments de mon roman qui me flottaient en tête, comment aurais-je bien retrouvé le sommeil ? Par la fenêtre basculée pénétrait cette substance d’ombre un peu rouge que sécrète la ville endormie, si différente de l’obscurité aphotique de certaines nuits à la campagne. Et pas un zeste d’air, pas même ces froissements infimes, ces tintements fantomatiques qui feraient écouter la rumeur nocturne afin de glisser dans l’endormissement. Bientôt les 600 000 signes me disais-je, encore telle et telle scène à écrire, ruminais-je, et de rallumer le téléphone pour noter une fumée, un or acéré, un phare fondu, un comparse, une statuaire plâtreuse de salle de bingo.

#5078

Si peu de choses. Un minuscule papillon qui passe en frémissant, les tomates qui rougissent, les figues qui mûrissent. Le plus ennuyeux, ne pouvoir sortir le soir pour cause d’excessive chaleur. Je n’aime pas l’été et surtout pas août, le mois des absences et des silences. C’est pourquoi depuis quelques années j’occupe mes étés à des travaux d’écriture, et ça ne m’a pas si mal réussi. Je vois même qu’il se pourrait que j’achève le présent roman, enfin, son premier jet, d’ici peu de semaines. Et l’été prochain alors ?