#5012

Trouver le temps d’écrire, c’est la grande question. Car cet été devrait me tenir plutôt éloigné de mon clavier, occupé à une tâche plus physique. Il me faut donc cravacher en ces mois creux afin primo de finir le « grand projet » qui m’occupe éditorialement ces jours-ci, puis il me faudra bosser sur une révision de traduction, avant d’enfin revenir à mes détectives et à mes dirigeables. D’ici là, je saisis toujours à la volée des bribes pour ne pas les oublier et, peut-être, ensuite, parvenir à compléter le puzzle. Exemples :
De temps à autre, Leni se penchait vers l’ombre verte où se heurtaient des barques. / L’odeur à la fois suave et amère du canal.

#5007

Courant avril, je réédite mon « long-seller », ce sera sa sixième version. Et il faut que je vous révèle un petit secret, concernant cet Arsène Lupin, une vie : j’y ai glissé un petit peu de ma famille. Figurez-vous qu’en finissant de travailler sur une autre édition de ma biographie du gentleman-cambrioleur, j’avais découvert qu’il y avait un lien *direct* entre lui et les miens.
 
Situons la scène : je suis assis dans un fauteuil, sur la pelouse devant chez mes parents, un ordi portable sur les genoux. Je suis en train de papoter avec mon paternel, car je lui ai fait part de ma légère frustration concernant le sujet des salons littéraires parisiens : j’ai lu plusieurs études sur le sujet, mais toutes se penchent sur des salons bien antérieurs à l’époque de Lupin, au tournant du siècle ou au début du siècle suivant, en tout cas jamais dans la période des Années folles où notre gentleman-cambrioleur se met plus particulièrement à fréquenter les salons huppés de la capitale, certainement afin de glaner des renseignements utiles à ses illicites activités — en plus de son goût pour les frivolités mondaines. Bref, pour ce chapitre j’ai un peu extrapolé depuis des témoignages antérieurs ; et mon paternel de m’apprendre qu’une de mes grandes-tantes, Lucie dite Maman Cie (Lucie Dalloux, épouse Boutilier du Retail, 1886-1968), tenait au milieu des années 1920 un salon littéraire. Intéressé, je lui en fais dire un peu plus, et notamment lui demande de me donner des noms de « gens célèbres » qui auraient été alors des familiers du couple Boutilier du Retail — je sais déjà qu’un de leurs plus proches amis était l’acteur Henri Crémieux, qu’ils cachèrent ensuite durant la guerre, mais qui d’autre ? Et mon père de me citer quelques écrivains déjà oubliés : Maurice Constantin-Weyer, Gérard-Gailly, Maurice Bedel, Claude Aveline (tiens, un polardeux), Francis de Croisset… Je reste un instant interdit, cherchant dans ma mémoire pourquoi ce dernier nom me dit quelque chose… Puis je réalise : attends, attends, tu as bien dit Francis de Croisset, le dramaturge Francis de Croisset ? Oui, fait mon père : l’auteur de pièces de boulevard.
 
Quelle révélation : Francis de Croisset, le troisième et dernier des grands noms du Boulevard, n’est autre que le coauteur de la pièce « Arsène Lupin » avec Maurice Leblanc ! Ainsi donc il existe un lien entre l’univers de Lupin et ma propre famille ; et comment ne pas supposer, de ce fait, qu’Arsène, peut-être sous son identité de Raoul d’Averny, fréquenta alors le salon du 2 de la rue Vineuse dans le seizième ?

#5001

La nuit dernière encore, j’ai rédigé en partie deux scènes, me suis même relevé un moment pour vérifier quelque chose… alors que je suis incapable de me motiver le samedi ou le dimanche dans la journée pour écrire un peu. C’est légèrement absurde et sans doute un rien déplorable pour ma santé, mais enfin le roman avance ainsi à petits pas nocturnes. Les trépignements feutrés d’une averse sur le vasistas accompagnèrent d’ailleurs ces notes ; au matin cependant une belle et grande lumière me rassura quant à ma promenade hebdomadaire, purement urbaine cette fois et touristico-librairienne, un terme qui devrait exister.

#4099

Quelle idée curieuse et passablement masochiste me conduit donc à écrire, littéralement à mes heures perdues ? Après quelques mois à rédiger des fragments (de moins en moins) courts, je me retrouve un peu au pied du mur de mon « grand roman » (une grandeur à ne prendre bien entendu qu’en mesure de mes ambitions personnelles). Il va me devenir de plus en plus difficile de ne rédiger que des passages, je pense, et j’étais sottement un peu anxieux hier soir, au point de n’avoir pas rédigé la scène qui me trottait en tête ce dimanche (mais je ne l’ai pas oubliée). Ce grand puzzle, vais-je parvenir à l’assembler ? Sa machinerie m’a occupé un bon moment au lieu de lire au lit, et si, et si ? Quand, aussi : comment parvenir à mener cette tâche d’ampleur sans devoir attendre la disponibilité probable de cet été ?