Ça y est, les journées s’achèvent plus tôt, entre huit et neuf les trains sifflent sous un éclat du ciel qui n’éclaire pas, du bleu sombre monte dans le jardin. Les grandes mains du figuier virent déjà au jaune. Avançant lentement vers le rétablissement, j’ai tapé au propre deux des trois nouvelles composées cet été. Je me demande d’ailleurs ce que valent ces tablettes / bloc-notes numériques, si réellement la conversion au texte tapuscrit s’avère satisfaisante.
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#4019
La grande rumeur cadencée d’un train passe dans la nuit. Une rivière de métal. C’est le monde qui passe au large de mon petit domicile. La pluie promise n’est pas tombée. J’ai relu ces dernières semaines les Dorothy Sayers en VO et ai de nouveau envie de lire en français, ça m’est nécessaire pour en quelque sorte alimenter mon envie d’écrire encore frustrée par la maladie, lire du style, regarder notre langue en travail. Enfin, j’entre en convalescence et reprendrai au plus tôt l’écriture. Que lire donc, sans doute vais-je piocher de nouveau dans les vieux polars français, tiens Francis Didelot ou Jacques Ouvard, par exemple. La lecture de romans policiers entretient également en moi la tournure d’esprit nécessaire pour creuser l’univers de Bodichiev, cette douce obsession qui est mienne.
#4016
« Reprendre ses esprits, ils ne cessent de vouloir s’égailler », dirait Jaccottet. À quelque chose malheur est bon, dit la sagesse populaire, alors durant ces deux mois d’été entre vertiges et nausées je n’ai pas du tout conduit le programme d’écriture prévu : finir la novella Les Arrière mondes et faire un dernier passage sur le roman Les Trois cœurs. Tout juste suis-je parvenu in extremis avant d’être trop malade à boucler et corriger le recueil qui vient de sortir (et dont l’existence me surprend presque tant tout cela est frais). Mais j’ai écrit deux nouvelles que je ne prévoyais pas et terminée une autre – et aussi, beaucoup cogité, ressassé, noté, rédigé sur l’iPhone… (afin de lutter contre frustration et inquiétudes) Car novella et roman étant presque finis, et le recueil suivant itou (Archives d’un détective à vapeur), auquel il ne manque presque plus que la fin d’une nouvelle, je me projette forcément dans l’avenir de ce cycle – un « roman choral » qui s’esquisse et peut-être (sans doute) un dernier recueil nommé Voyages d’un détective à vapeur… Encore faudrait-il pour celui-ci que je voyage, justement, puisque je nourris ces fictions policières de mes propres notes sur telle ou telle ville visitée. Lors de mes passages à Lisbonne et à Vienne je ne me trouvais plus en « mode Bodichiev », de plus Vienne ne m’a globalement pas trop inspiré, j’y ai donc juste fait allusion, comme à Venise d’ailleurs, adorée mais sans sujet d’enquête, et sur Lisbonne je n’ai qu’un début de nouvelle qui se doit d’aller ensuite ailleurs – Rome si possible. Irais-je finalement cet hiver ? Et à Prague au printemps, deux voyages reportés depuis la pandémie ? Il me faudrait quelques autres excursions tout de même, je rêve par exemple d’Aberdeen – et je viens de trouver que refaire sur Bodichiev à Bordeaux. Ça brasse, ça note, ça rédige. Et s’achève l’été.#4014
Tout fait ventre, dans l’imaginaire. Hier à Champignac, mon parrain sachant qu’à lire je fatigue vite eut l’idée charmante de me faire une lecture à haute voix du roman qu’il venait de prendre, un Pierre Loti. Ample langue classique, le beau style jusqu’à la préciosité, et des descriptions riches, vécues, goûteuses, de l’Istanbul du début du siècle dernier. Et outre le plaisir certain de cette séance, voici qui reliait comme magiquement avec une idée que je brassais vaguement pour le « roman choral » de Bodichiev que je commence à assembler dans ma tête : un segment à Istanbul. Un paysage émerge, de petites scènes s’esquissent.
#4013
Fini tout de même une longue scène de ma nouvelle, coupé à la grande cisaille quelques fâcheuses lianes de ronces, pris à la dictée un mail de mon parrain, terminé de lire le prochain roman de Nikolavitch ; maintenant je vais retourner à Sayers (ou à Pierre Loti) et au repos, tandis que l’aigle, un milan je suppose, tourne au-dessus des prairies avec des tiuuuuu-tiuuuuu dans l’azur voilé.