#4000

Profitant de ce que je semble assez en forme ce matin (très vaseux hier), je viens de finir une courte nouvelle. « La Question de l’alchimiste ». Avec un passage par un coin de Londres que j’adore (Chiswick Mall en bord de Tamise, à un endroit que j’ai connu et fut emporté par une crue en 2002). Maintenant je crains de n’avoir plus rien à écrire, les autres textes en cours devant impérativement être terminés sur ordi.
« Une île longeait le quai en une langue de vase que couvraient les roseaux, crissant dans le vent juste levé. Le détective reboutonna son gilet de tweed, dans lequel il avait un peu trop chaud un instant auparavant. Les nuages revenaient au grand galop. Le contraste entre leur noirceur et le bleu du ciel diffractait la lumière, des lances lumineuses jouaient en reflets huileux sur le fleuve en crue. »

#3097

The Case of the Exploding Acanthe. Depuis quelques mois, une immense hampe avait poussé au sein de l’acanthe, couverte tout d’abord de pousses vertes qui elles-mêmes ont écloses en fleurs discrètes, enfin poussèrent des sortes de glands, maintenant devenu cosses – et aujourd’hui, celles-ci explosent. Clac, clac, quatre grosses graines rougeâtres sont expulsées et les deux segments des cosses brunes jaillissent çà et là. C’est vous dire comme ma vie est mouvementée en ce moment. Enfin, troisième jour sans vertiges, je touche du bois mais continue à me sentir tel un vieillard chancelant et viens de relire l’un des meilleurs Agatha Christie selon moi, At Bertram’s Hotel, tout emplie de vieilles personnes. Un remarquable roman choral – relu avec en partie un regard intéressé car pour mon « roman ambitieux » de l’an prochain, si possible, j’aimerai essayer une telle structure de polar avec quantité de perspectives différentes. À part cela, la mémoire est chose étrange, je me suis levé ce matin en songeant que je pense souvent à Roland, avant que je ne réalise pourquoi aujourd’hui.

#3095

« Me promener dans une ville comme on se promène dans un jardin. » J’économise ma lecture de Julien Gracq, et notamment de sa Forme d’une ville, tant j’aime la prose de cet homme qui hélas a enfermé la majorité de ses écrits hors de portée pour longtemps encore. C’est donc au compte-gouttes que je le lis ou le relis, au contraire de cet autre favori, Simenon, que je ne suis pas près d’épuiser. Niveau écriture personnelle, je viens d’avoir l’idée d’une courte nouvelle supplémentaire, que je compte rédiger ces jours-ci, mais pour ce qui est de récits plus longs je manque de voyages : basant en général les Bodichiev sur un lieu visité et sur lequel j’ai pris des notes, je n’ai plus guère d’inspiration dans ce réservoir – je pensais me rendre à Rome et Prague, la pandémie coupa net ces velléités de villégiatures. Et de mes voyages non « exploités » il se trouve que ni Lisbonne (que j’avais adoré) ni Vienne (qui m’a un peu ennuyé) ne m’avaient rien dicté car à l’époque j’avais remisé Bodichiev au titre des espoirs passés.

#3094

« I envy you going to Oxford… One sees the shadows of things in silver mirrors. » (Oscar Wilde)
On ne saurait dire que je manque de suite dans les idées. J’ai finalement travaillé un peu hier soir et ce matin sur une petite nouvelle qui se déroule à Oxford, pour laquelle j’avais pris des notes… en septembre 2003. (Fini ce soir) Reposé, la tête pas trop « légère », je parviens donc à écrire un brin. La fraîcheur n’est pas sans aider. Dans le patio, la plante fromage a un peu souffert de la chaleur. Trois des quatre tomates rougissent lentement. Du pourpier a eut l’excellente initiative de coloniser le pot du défunt mimosa.

#3092

Malade un jour sur deux et prudent le reste du temps, je ne peux finalement même pas écrire sur des carnets. Je vis donc cet été raté dans une frustration : je sais quels textes je dois finir pour les prochaines parutions de Bodichiev, j’ai aussi conçu un recueil ultérieur que je ne peux débuter – et malencontreusement mon cerveau ne cesse de me projeter vers le roman plus ambitieux dont j’ai l’idée pour cet univers. Alors, je note sur l’iPhone des bribes à ne pas perdre qui viendront s’ajouter à la novella en cours, façon puzzle… et je cogite, un peu dans le vide : comment dans un Empire couvrant une majeure partie de l’Occident fonctionne l’impôt ? En particulier, quelle taxe ajoutée existe, le port de Londres applique-t-il des tarifs sur le fret ? (Si si c’est important) Et quid de l’anti-sémitisme dans un univers qui n’a pas connu les guerres mondiales ? Je choisi de croire que ce racisme hideux a disparu mais lorsque, lisant un Simenon (Les Fantômes du chapelier) ou L’Homme pressé de Morand, je tombe sur de petites saloperies qui me hérissent, je m’interroge, cette haine du juif à la fois si ancrée et si absurde, si ignoble, comment l’effacer dans une uchronie essentiellement en paix ?