Mon sommeil en ce moment est difficile. Tumultueux. Et je me souviens d’avoir fait la nuit dernière un rêve assez étonnant, en tout cas inédit pour moi : j’étais une jeune femme, enceinte. Je ne sais plus quelle aventure je vivais, en compagnie d’un garçon aux cheveux roux, mais à un moment j’ai senti le bébé me donner un coup de pied – et je me suis réveillé avec un sévère hoquet.
Archives de catégorie : en songe
#2389
Astar Mara. Cette nuit j’ai fait des rêves de courants océaniques, de routes liquides entre de hautes collines d’émeraude végétal, moussues et mystérieuses. Et il m’en est resté ces mots, « Astar Mara », me tournant sottement en tête au réveil. Il s’agit d’un terme du gaélique qui désigne les voies de circulation maritimes. Je l’ai retrouvé l’autre soir en relisant des passages de The Old Ways de Robert McFarlane, son si ample et si fascinant récit de longs voyages entrepris sur les sentiers ancestraux de l’archipel britannique. Astar Mara, le mystère de ces chemins que l’habitude et les conditions locales permettaient de tracer sur les portulans et de baliser dans les chants, ces passages sur l’océan d’île en île ou d’archipel à continent, forgés de traditions, de conventions et de coordonnées, alors que rien n’imprime l’eau, que tout s’y efface immédiatement.
#2375
Cette nuit j’ai vu des fantômes.
Bousculé dans la journée par une alternance serrée de mauvaises et de bonnes nouvelles qui me secoua sans doute un tantinet les nerfs, le sommeil se fit malaisé cette nuit. Les contrariétés diurnes tournent et retournent sur la platine nocturne, à quoi penser pour ne plus penser, qu’évoquer qui conduise sur les chemins de Morphée ? Écouter les rumeurs de la ville, le vasistas demeurant entrouvert. Les longs cris liquides des rails, le roulement de basse d’un train, le ronflement diffus du boulevard, un tintement lointain, un claquement plus proche, si peu, presque rien, les sons assourdis de la nuit à travers l’oreiller. Une chatte se glisse au creux de mon bras, son ronronnement couvre tout le reste, je me sens glisser, l’image d’une plage, les fleurs jaunes des genêts. Pourquoi n’y a-t-il pas de mouettes à Bordeaux ? Sotte question qui remontant à la surface de ma conscience m’entraîne avec elle dans la lueur poudreuse qui coule du ciel sur le lit. C’est vrai ça, tout de même, pourquoi si peu de mouettes dans une ville à l’influence océanique aussi marquée ? Mais il est vrai que des mouettes, on n’en voit pas beaucoup non plus sur le bassin d’Arcachon, les mouettes ne seraient-elles pas tellement atlantiques ? Je le regrette ; dans toutes les villes de la côte sud anglaise, en Devon et en Cornouailles, ces énormes volatiles blancs, mouettes ou goélands, leurs criailleries râleuses, marquent si bien la présence de la mer. Un grincement me réveille, le masque blanc d’une des chattes surgit des replis de la couette, cliquetis des griffes dans l’escalier. Descendant derrière elle, je passe de la cuisine à la terrasse, sous une demi-lune brumeuse, frissonnante. L’arbre de la vieille dame secoue ses têtes veloutées, un souffle emporte le vrombissement d’une moto et la senteur du lilas.
#2347
Curieux comment marchent les rêves. Pendant longtemps, j’ai rêvé de villes et hélas ça ne semble plus être le cas, ce paysage, cette géographie semblent ne plus être d’actualité sous ma caboche. J’ai gardé des souvenirs assez nets de ces villes oniriques, et en particulier du Bordeaux — le fait de vivre maintenant dans le vrai Bordeaux n’a pas effacé sa version parallèle, au point même que j’ai une réaction amusée, presque surprise, chaque fois que place de la Victoire je passe devant l’entrée du cours de la Somme, point d’accès — allez savoir pourquoi, il s’agit d’une artère assez ordinaire — de mon Bordeaux onirique. Dormant particulièrement mal ces temps-ci, j’ai tendance à me souvenir d’autant plus de bribes de rêves : et à défaut de me promener encore dans ces villes imaginaires, mes décors demeurent urbains tout de même, par exemple Axel était en chapeau melon l’autre nuit sur fond londonien ; tandis que je retrouvais cette nuit Fred Jaccaud à la terrasse d’un café. Me souviens aussi avoir passé du temps avec Justin Beiber (?!) et avec ma frangine. Dreams are so weird.
#2303
Cette nuit, de grands cerfs de fonte aux bois en acier se sont battus sur le boulevard, entrechoquant leurs ramures métalliques dans de grands « clang » qui résonnaient sur le quartier. Enfin, c’est du moins ce dont j’ai eu l’impression dans mon début de demi-sommeil, hier soir, entendant au dehors ces chocs métalliques qui me rappelèrent ceux des bois de cerf lorsque ceux-ci se battent.