#2299

J’ai très mal dormi, cette nuit. Non, rectification : j’ai très très mal dormi. Comme en témoigne le fait que je me souvienne si bien de plusieurs rêves. L’un était plutôt de l’ordre de l’impression que du contenu, à savoir que ma chambre se trouvait être une cabane dans un arbre. Pourtant, je vous assure que la maison ne bouge pas du tout, pierre de taille oblige. Dans un autre, ce matin, je me préoccupais de la disparition de deux de mes chats et plus particulièrement de ma mémoire qui s’enfuyait, puisque je ne savais même plus le nom des dits chats — imaginaires, alors forcément ça aide pas. Entre les deux, le plus intéressant / angoissant.

Bordeaux était en stase depuis longtemps, très longtemps : une sorte de « pétale géant » était tombé de l’espace, ou avait glissé d’une autre dimension, qui avait couvert une bonne partie de la ville d’un champ rosâtre, figeant tout et tous. Quand nous nous réveillions, Bordeaux se trouvait enclot sous un vaste dôme, apparemment construit un jour afin de contenir le « pétale cosmique », maintenant disparu. Plus d’électricité, de wifi ou d’eau, la ville se trouvait coupée de tout sous sa coupole — en dessous d’un ciel tourmenté, rosâtre, un soleil chaud mais rouge, et on disait qu’il n’y avait plus rien au dehors, des ruines, un désert, avions-nous été projeté à la fin des temps ? Dans ce contexte angoissant, j’allais à la librairie Zone du Dehors pour voir des copains, Léo était bien là, Loïc arrivait, mais nous nous interrogions sur ceux qui travaillaient ou vivaient en dehors du centre, Nicolas, Sébastien, Ludo… Laurent arrivait, son atelier était dans le dôme, mais quid de Patrick ? Travaillait-il à l’aéroport le soir où c’était arrivé ? Devant the famous green door, pas de réponse à notre coup de sonnette.

#2276

Curieuse collision ce matin : je rêvais que je me trouvais à Bordeaux, ça oui, les rues de basses maisons de pierre blonde se reconnaissaient aisément, mais cela montait et descendait, ondulait de colline en colline, comme à San Francisco (note pour ceux qui ne connaissent pas Bordeaux : it’s flat, utterly flat). Je finissais par déboucher sur les quais, où une verte et haute épaule de sombre montagne dominait la baie de Bordeaux, je me disais que c’était chouette, je pensais à Cardiff puis à la maison de Philippe, dont l’arrière en bois m’avait effectivement fait songer à Barbary Lane (in les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin). Derrière la porte de Bourgogne, Patrick habitait dans une haute maison à la façade de bois turquoise. Un coup de vent frais me réveilla, et ce n’était pas la mer que j’entendais mais la rumeur d’un train.

#2531

Souvent, à l’époque où je vivais à Lyon, ai-je raconté sur mon blog qu’à travers mes rêves transperçait fréquemment une envie d’habiter ailleurs, d’autres maisons, d’autres paysages. Depuis que je suis à Bordeaux cela ne m’est plus arrivé, me semble-t-il. Cette nuit pourtant : ma chambre sous la pente du toit, devenue une verrière, se perchait sur le dos immense d’un dirigeable et j’entendais distinctement le lent tchouf-tchouf-tchouf des hélices propulsant la maison — sauf qu’il s’agissait en fait de la percussion des gouttes de pluie sur le vasistas.

#2520

Il y a bien longtemps (combien? 15 ans? 20 ans?) j’ai passé plusieurs semaines délicieuses à San Francisco — plus exactement, je logeais à Berkeley. Un de mes plus grands et bons souvenirs. J’y étais allé avec l’argent gagné par mon premier essai sur Star Trek, ce qui somme toute avait une certaine logique, Starfleet Academy étant censé s’élever dans le parc du Presidio, au pied du Golden Gate Bridge. Je n’y suis jamais retourné, faute de temps et d’argent. Mais j’y pense souvent, et particulièrement en ce moment, je ne sais trop pourquoi. Il y a une semaines ou deux je rêvais que j’étais en road-trip californien en compagnie de Michel Pagel (vu l’aversion de ce dernier pour l’avion c’est hautement improbable), et cette nuit je me promenais dans les rues de San Francisco. T’was good.

#2498

Tiré du sommeil cette nuit par le son d’une trompe marine, j’ai flotté un moment, l’océan clapotait contre ma sous-pente et léchait presque le vasistas. Jusqu’à ce que je réalise que cette rumeur était celle d’un train, portée par la brise, tout comme la corne nocturne.