#6255

De la pluie sous le soleil. Chaque goutte sur les plantes étincelle et des traits d’argent strient le décor urbain. L’astre éblouit entre coin de ciel bleu et nuages fumeux.

Je me souviens de la toute première fois où j’avais constaté ce phénomène, j’attendais un bus au château Peixotto et l’air était lourd, presque tropical. Sous le soleil brillant une légère averse avait débuté, m’enchantant comme tout à Bordeaux alors, j’étais étudiant et mon indépendance nouvelle, cette ville à découvrir, ma sexualité libre aussi, tout me transportait d’aise.

#6252

Dimanche matin ordinaire. Sous le trouble zinc du ciel, la fusée de saint Michel étincelle blanche sur son pas de tir. Une envolée d’airain a salué mon passage devant l’église. Une autre de cuivre marque celle de ma sortie de la halle (un saxo). Carottes, chou rouge, poivrons. Plus loin, la brocante morose car rétrécie serre son désordre sur le pavé gras. Pleuvra, pleuvra pas ? Pauvre papier. Et puis l’azur revient.

#6251

Habitant auprès de la tranchée d’une voie ferrée, je pense souvent, vraiment très souvent, à la Nuit du chat de Frank Pé, un bédéaste que j’ai beaucoup aimé (L’élan, Broussaille). Encore tout à l’heure j’ai pris cette photo en pensant à son œuvre, sans savoir qu’il venait juste de nous quitter.

#6250

Nous sommes passés directement d’août à janvier, et aujourd’hui j’ai vu un xipéhuz glisser dans le ciel, puis ce soir une dame sur un vélo qui passait en grinçant, son phare en cyclope trop blanc éblouissant un instant l’encre profonde d’une ruelle.

#6247

Froid profond comme le bleu du ciel, pour une journée à baguenauder au milieu des antiquaires des Quinconces avec quelques copains. Symptôme dramatique de ma sagesse, je n’ai acheté aucun livre — il est vrai qu’il s’en proposait moins que d’ordinaire. Et puis je me suis vengé en payant celui d’un ami accro, et ça c’est mal.