#2496

Cafetières et arrosoirs, les deux artefacts les plus courants de chaque Braderie… Et quoi que le premier ne soit guère surprenant en ces terres du Nord où l’on consomme tant de café (pouah), le deuxième semble indiquer un climat curieusement moins pluvieux qu’on ne veut le faire croire aux gens du Sud, peut-être ?

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#2495

Je ne suis pas croyant, je suis même bien souvent horrifié par le dogme chrétien, mais je dois admettre que culturellement il y a quelque chose que j’aime énormément… c’est le son des cloches d’église, notamment le dimanche matin. Le double clocher du Sacré Coeur pas loin de chez moi carillonne et j’aime ça, ce paysage sonore, que je ne prend pas pour ce qu’il représente de bourgeoises pincées et d’opposants au mariage gay, mais comme un écho traditionnel, comme héritage musical ô combien plaisant. Je me tiens sur la terrasse du jardin et le nez levé vers le ciel froid, debout dans une poche de soleil sous le palmier, j’écoute un moment, ça tintinnabule, j’aime cela.

#2491

Marché au long de la greenwalk de la petite rivière Dollis, après avoir suivi un moment la Brent: de ces supposées « lost rivers of London » qui dés lors que l’on ne se trouve pas en centre-ville ne sont pas tant perdues que cachées, au bord d’une abominable autoroute ou serpentant dans des quartiers tranquilles, entre des parcs et quelques lots de jardins ouvriers. Leurs alentours sont préservés afin de permettre qu’elles débordent sans tout dévaster. J’ai vu plein de hérons et plein d’écureuils.

Curieusement, hier j’ai eu l’impression que Londres s’était encore transformée, cette fois en ville d’Europe de l’Est, les rues emplies de messieurs en costume noir et chapeau bizarre. Et d’ailleurs de façon plus générale une fois sur deux que je croise des passants, ils s’expriment dans quelque langue slave, c’est assez surprenant, comme si les anglais avaient subrepticement été remplacés par des polonais. Une interruption de liaison ferroviaire m’a aussi permis de bénéficier d’un petit trajet perché en haut d’un bus, ce fut fort agréable, j’adore voyager ainsi, l’impression de voler au-dessus du paysage.

Soir, la gâterie hors du commun du nouvel épisode de Doctor Who sur grand écran, au Phœnix, le cinéma de l’autre côté de la rue, établissement fondé en 1910. Scénario furieusement excentrique, générique steampunk, plein de réparties ravissantes et drôles, un nouveau Docteur qui ne rentre dans son rôle que progressivement (et quel acteur), encore une très belle surprise de Moffatt aux fans, des allusions au mystère des visages du Docteur, un tendre clin d’œil à Elizabeth Sladen en la personne de son mari jouant le mendiant, une défense appuyée du mariage homo et interraciale, un baiser lesbien en gros plan… Enfin bref, tout cela débute plutôt bien.

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#2490

Bon d’accord, il faut reconnaître qu’hier j’ai peut-être fait un peu trop fort. 24 km de promenade, hem, au retour j’étais un tantinet fatigué et la plante des pieds douloureuse, en dépit de mes nouvelles chaussures qui sont comme des pantoufles de ville… Pourtant j’avais fait une grosse insomnie – j’en avais profité pour commencer à lire le nouveau Lord Peter… Nouveau Lord Peter, en 2013, le concept ne cesse de m’étonner mais Jill Patton Walsh a bien publié un nouvel apocryphe d’après Dorothy Sayers, toujours aussi impeccable. Bref, au réveil je me sentais reposé, paradoxalement, et n’avais enfin plus mal au dos. Je suis donc parti pour le sud-ouest, une balade du Capital Ring (les longues promenades vertes autour de Londres) qui pouvait partir de la station Balham du métro. De là, j’ai donc traversé Tooting Bec Common, Wandsworth Common, le cimetière de Earlsfield, jusqu’à Wimbledon Park. Des parcs, des forêts, des lacs, d’immenses pelouses… La vastitude et le nombre de ces espaces verts sont proprement prodigieux…

Et puis j’ai continué, enivré de grands espaces : Putney Heath et finalement Richmond Park, plus grand espace vert urbain d’Europe. Extraordinaire, vraiment sauvage, et à perte de vue. J’ai vu des cerfs, plein. Dans les fougères, dans les hautes herbes blondes, dans la bruyère rose. Et j’ai marché, marché. Là où ça devint dur c’est une fois revenu en ville, descendre tout Richmond Hill (quelle vue incroyable sur la Tamise!) jusqu’au pont et remonter à la station de métro, raah. Mais qu’importe, ce fut bien, incroyablement beau, toute cette nature immense alors que les avions ne cessent de tracer leur route au-dessus des cimes, que l’on n’est jamais bien loin (sauf dans Richmond Park…) d’une route ou d’une autoroute, que percent au-dessus des cimes quelques toits et que, de temps en temps, l’on traverse une rue calme et résidentielle. J’ai vu des canards, des oies, des foulques, des cygnes, des écureuils, des pies, un geai, des grenouilles, des cerfs, un énorme héron… Et j’ai mangé des mûres, ce sera le goût de ce séjour, je crois, celui des mûres. Et l’odeur de l’humus, de l’herbe, la flagrance des ifs quand je me suis arrêté pour bouquiner un peu au bord d’une pelouse infinie… Ah dommage que la marche ne fasse pas maigrir, j’aurai une taille de jeune fille.