Marchant dans les prairies qui entourent le ventre vert de Champignac, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter de ma capacité à mener à bien la fin de ce roman. De me trouver littérairement à la hauteur, quand il s’agit d’agiter le petit théâtre de scènes d’action, de peur et de chaos. Alors je me promène sous le ciel de nuées longues et pesantes, étalées en rubans gris et boursouflures anthracite. Au sol, le vent, la chaleur et le fauchage ont laissé une paille grisaillante qui tournicote en vortex fibreux. Le pas en soulève de minuscules papillons blancs. Tout au bout du domaine, le couple de chevreuils s’est enfui en me montrant leur blanc toupet de queue.
Archives de catégorie : nature
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Revenu à Champignac après cette quinzaine caniculaire et parti glaner mon petit-déjeuner dans les ronciers et les pruniers, je trouve le domaine très marqué par la chaleur. Dans les prés, seuls les parterres de menthe proposent encore du vert, les herbages sont en foin blond et les chardons réduits à des squelettes brûlés. La haie de marronniers, trouée et amaigrie, fait rousse mine. La mare asséchée grimace de caillasse. Sous un bosquet d’autres chardons, encore vaillants, le sol se recouvre d’un épais tapis blanchâtre, un duvet de graines à l’abri duquel crissent des grillons. Les mûres ne le sont guère, qui commencent à griller. L’allée de la propriété suivante se voile d’une brume de fumée, sous un ciel encore chargé de grisaille. Les pies se disputent des quignons de pain.
#5072
Un souffle de vent et subitement tombe du châtaignier une pluie de feuilles mortes, qui craquent et bruissent avec un murmure sec. Un épervier tourne au-dessus des vieux chênes. Des pies se disputent dans le bosquet d’acacias rendu impénétrable par les orties. La chaleur monte doucement sur un coin de campagne immobile.
#5067
La nature me gâte : je viens d’avoir le bonheur d’écrire dans la fraîcheur matinale tout en observant du coin de l’œil un renard qui allait et venait, tranquille, juste devant moi dans la prairie du devant. Je ne vois pas le merle qui, sous l’immense séquoia, gratte le tapis d’aiguilles avec insistance, mais le devine.
