#2414

Des étourneaux, me demandai-je, il y en a-t-il dans le quartier? Eh bien oui-da, affirmatif, je viens de les entendre piailler d’envergure sur le boulevard. Ils nichent au sein du feuillage d’une rangée de petits tilleuls et, dans la lumière bleu-or nocturne, les volatiles demeurent invisibles, seules remuent et bruissent les frondaisons.

#2408

Même sous la grisaillante immobilité d’un ciel dominical, en creux d’été, une vie minuscule s’agite toujours au jardin. Les têtes menues de la bourrache et du basilic percent, neuves. Une première fleur d’un jaune vibrant orne le petit pied de cornichon. La boule noire et or d’un bourdon vient téter les clochettes rouges d’une sauge, le vol hésitant d’un citron clignote un instant auprès du palmier, derrière moi une épeire semble suspendue dans l’air vert des buissons. Une coccinelle vient de se poser sur mon genou, du rouge sombre d’une goutte de sang.

#2401

Les impatiens avaient soif, hier soir. Alarmé par le bruit du tuyau d’arrosage, le pinson interrompit son babil tournoyant pour invectiver ma mère en une série de percussions sonores. Plus tard, dans la nuit, j’entendis les longs piouh-ouh-ouh d’une chouette.

À la lisière de l’ombre, dans le soleil de l’herbe un miroitement, une hésitation du réel. M’approchant je vois que cette motte de trèfle tremble d’éclats de lumière, portés par la noire densité d’une presse de corps minuscules. Un nid de fourmis volantes, en pleine éclosion. Leurs ailes comme autant de minuscules échardes de miroir, tout cela tressaute, tremblote, avant de s’élancer dans une danse menue qui monte contre l’ombre en un poudroiement vertical.