#5063

À Champignac, d’avoir moissonné les prairies il y a quelques semaines bénéficie à la menthe blanche, qui les couvre maintenant de ses fleurs graciles et de ses feuilles odorantes. La chaleur tardive accalme une campagne immobile et silencieuse, seulement troublée de quelques grésillements d’insectes sous les nuages filasses. Un ragondin a été aperçu cette semaine, je n’ai pas la chance de l’avoir vu.

#5057

Sous le ciel tour à tour voilé ou gribouillé, dans le silence de Champignac, je me tiens comme suspendu, immobile, au bord de l’agitation de la rentrée, celle qui m’attend à partir du lendemain. Les bambous oscillent au-dessus de la mare asséchée, les frondaisons des grands arbres agitent un bruit de marée. Un semis de menthe blanche en fleur couvre les prairies fauchées il y a quelques semaines, à nouveau verdoyantes. Juste un moment.

#5054

Citoyen de la ville, lors de mes week-ends à la campagne je ne lasse pas de m’enthousiasmer des quelques animaux que j’y peux observer : monté en haut du domaine pour aller voir les chevaux d’à côté, j’ai dérangé deux chevreuils et trois grands oiseaux blancs, certainement des aigrettes. Ce midi un petit rapace, buse ou faucon, se tenait sur le fil électrique au-dessus d’un pré. Joies sans doute naïves d’un vieil urbain.

#5043

Assis au pied du séquoia immobile j’écoute le vent, ou plutôt, le bruit que provoque le vent dans les feuillages mobiles des autres arbres : à ma gauche l’agitation nerveuse des grands tilleuls et le cliquetis de la chute des bractées, et de l’autre côté le grand souffle de marée du bosquet de chênes et d’acacias, qui déferle en vagues bruissantes. Des bruines tombent parfois, qui atteignent à peine le sol.

#5042

Lors de mon petit-déjeuner de mûres, m’amusèrent les bruits des invisibles qui emplissent la campagne : un froissement rapide sous une haie, un coup d’ailes de l’autre côté de la barrière de ronces, les cris et sifflements des buses en haut du ciel, des hennissements de chevaux pas très loin, et plus tard les aboiements outragés de deux chevreuils qui s’enfuient en grands bonds souples d’antilopes. Les fleurs sont blanches à cette saison : celles, laineuses, des cirses, et d’une gracile élégance celles des bosquets de menthe.