#2340

Je viens de lire le cinquième Mark Hodder, The Return of the Discontinued Man, et ça m’a fait réfléchir. Étonnant comment cette série steampunk fonctionne, en déconstruisant et reconstruisant à chaque volume toute sa propre réalité, encore et encore. Mais ce n’est pas cela qui m’a fait réfléchir : je me suis dit que somme toute, j’habite le futur.

J’habite le futur et je ne suis pas certain d’aimer cela. En ce sens que bien souvent, je me sens trop en décalage avec la réalité. Nostalgique ? Non, pas réellement, mais… tout simplement vieux, peut-être ? Ce que je constate, c’est que je me souviens parfaitement d’une époque où je trouvais que la vie à Lyon était tranquille, calme, tout le charme conjugué d’une grande ville et de la province. Quand est-ce que Lyon est devenu cette métropole surpeuplée, surpolluée, couverte de bâtiments neufs en rangs serrés, à quel moment a-t-elle basculée dans un environnement qui ne me plaisait plus, au point que j’ai ressenti le besoin de m’en enfuir ? Bordeaux vous le savez m’enchante, et notamment par son calme. Mais ce qui m’inquiète, c’est que je crains d’aimer Londres de moins en moins : je suis gêné par l’envahissement visible du gros fric, transformant la ville que j’aime en réserve pour riches, ne remplaçant pas les ultra pauvres par de la middle class comme le voudrait une évolution urbaine normale mais bien par des über riches (et idem à San Francisco ai-je appris). Cette société qui se construit, là, maintenant, ne me plaît pas, en fait. Trop de violences, trop de pollutions, trop d’inégalités, trop de religions, trop de solitudes… Plus j’avance dans le temps et moins je reconnais de choses que j’aime, ai-je souvent l’impression. Ou alors, j’y reconnais les pires avenirs de la science-fiction, ce qui n’est guère pour me réjouir. Eh le monde, on avait dit que la SF n’a pas pour fonction de prédire le futur mais seulement de commenter le présent, arrêtez, là, c’est pas drôle.

J’ai besoin de vacances, je crois. Non, vraiment : un an et demi sans vacances, c’est trop. I’m feeling cranky, et pourtant va bien falloir continuer car no money and no time, pas de congés en vue. C’était la « minute grognon ». 🙂

#2339

Je reviens juste de la Poste. Au-dessus du boulevard le ciel amoncelait des nuages chargés en anthracite et autres matériaux volatiles, comme ne tardèrent pas à le prouver de grands fracas et des éclairs blancs. Pressant le pas, je remontai vite la rue menant vers chez moi, quand soudain, un grand souffle grondant se leva et un vent glacé commença à me gifler. Devant moi, une nuée blafarde sembla se soulever du sol, je traversai un tourbillon de grêle, suivi de l’autre côté de la placette par le fouet d’une averse dense et brutale, qui me bouscula jusqu’à ma porte.

Je suis rentré un tantinet trempé.

#2338

Tiens, j’ai réalisé hier n’avoir pas fait écho ici de ma lecture de Aurora, le dernier Kim Stanley Robinson. C’est pourtant un très beau roman, ni trop long ni un peu chiant comme souvent KSR, au contraire, c’est un récit à la fois prenant et touchant, le roman d’apprentissage d’une jeune fille en environnement d’arche stellaire. J’ai pensé bien entendu à Rite de passage d’Alexei Panshin, le prix Nebula 1968 que je réédite en avril chez Hélios, mais ç’en est une relecture superbe et aux éléments originaux, à la fois humain et « hard science », sans doute l’un des plus beaux exemples de la SF dans toute sa force littéraire que j’ai lu depuis longtemps (ex-æquo pour moi avec La Fenêtre de Diane de Dominique Douay).

(Et au passage j’ai découvert que j’ai prêté Pacific Edge et qu’on ne me l’a pas rendu, zuuut, j’avais fort envie de relire ce polar écolo utopiste de KSR)

#2337

« Evan’s religious convictions were erractic at best. He once owned a relic of the true Cross, but mislaid it in an all male Turkish bath. »

Je viens de lire Best-Kept Boy in the World, la bio de Denny Fouts, celui dont Gore Vidal a dit qu’il était un « homme fatal », le garçon entretenu de tout l’intelligentsia des années 30-40, modèle de plusieurs personnages dans de grands textes. Fascinant le nombre de très jeunes et très beaux garçons qui passent dans ces pages, oisifs et décadents, toute cette évocation est à la fois sidérante et plutôt triste, finalement, mais passionnante.

#2336

C’était il y a 32 ans, j’étais étudiant à Bordeaux et j’avais envie de faire un fanzine… Il fut tout d’abord une simple feuille pliée en deux, chaque semaine, puis tous les 15 jours, puis plus gros, mensuel, puis puis puis… Et il y a deux ans, on a publié un gros pavé pour en fêter le trentième anniv ! Mais je ne voulais pas que la revue s’arrête, ç’aurait été trop bête, alors faute de temps pour tout faire je l’ai confiée à mon camarade Alex Mare… et le n°137 vient de sortir, tandis que le n°138 est déjà dans les tuyaux. J’en suis assez fier, je dois avouer. My baby !