#4026

Même lorsqu’un chroniqueur exprime aussi bien son enthousiasme et sa compréhension de mon cycle d’uchronie que celui de Galaxies il n’y a pas longtemps, il trouve tout de même moyen de citer Sherlock Holmes et glisse à peine vers Poirot. Sans doute est-ce une difficulté que d’écrire du polar pour un lectorat SF : ils n’ont pas tellement la culture du roman policier. Car en vérité, je n’ai jamais songé à Holmes en écrivant mes petites histoires : Hercule Poirot oui bien entendu, et son assistant Hastings, furent mes premières inspirations – quelques reflets, disons. Puis une influence de Maigret pour Bodichiev, et un peu de Lord Peter pour Viat — venant de relire tout Dorothy Sayers j’y discerne bien les menues traces dont sa lecture marqua mon travail. Du Flaubert, une fois. Et Chapeau melon et bottes de cuir pour un certain charme. Mais tout m’influence ou me nourri, maintenant que je me suis vraiment réinvesti dans ce cycle. Puis aussi, en avançant dans tout cela, j’ai mis de plus en plus de micro touches de moi-même chez Bodichiev, et de mon fils à différents âges dans Viat. Parti d’archétypes je tends naturellement vers une peinture un peu plus personnelle, d’autant que j’alimente mes nouvelles de passages de mon blog, qu’ils soient rédigés intentionnellement pour Bodichiev ou bien que j’aille y « piocher » descriptions, ambiances, anecdotes ou souvenirs. Oui je sais, je n’arrête pas de parler de Bodichiev – que voulez-vous, il occupe pas mal mon esprit en ces mois de maladie et ces moments de langueur assez frustrants.

#4025

Des maux divers et variés de ces deux maudites années, perte de liberté, perte de revenus, perte de santé, perte de relations… l’un, pour moi, est l’absence de voyages. La dernière fois que j’ai pris des vacances, c’était pour un petit séjour à Londres début novembre 2019. Depuis, même le casanier que je suis piaffe dans cette immobilité forcée, à laquelle je n’ai encore échappé que pour un week-end récent dans le Nord. Sur Instagram je vois passer des photos de Londres, d’Édimbourg, de San Francisco… et cela n’en creuse qu’un peu plus mes souhaits de départs. D’autant que se pose aussi la question d’alimenter les récits de Bodichiev, généralement tissés de lieux et anecdotes réels. Creusant ma mémoire et mon blog, j’ai rédigé une nouvelle située à Florence (elle sera dans le troisième Fiction) et une autre à Oxford, mais je n’ai plus guère de réserves d’ailleurs — ai même écrite une nouvelle sur Raguse (Dubrovnik) où je n’ai jamais mis les pieds (dans le nouveau recueil)… Pourtant, j’aimerai bien qu’un futur recueil soit Voyages d’un détective à vapeur et il faudra trouver du combustible pour mon imaginaire… Enfin, en attendant je lis des livres de voyage et/ou de géographie…

#4024

Respiration, soulagement : il a plu ce matin. Sous un ciel plâtreux qui gronde encore, les merles volent de branche en branche entre le troène et le micocoulier, et les escargots sont de sortie. Le bel Italien des Parapluies de Cherbourg vient de disparaître. Peu dormi cette nuit, fatigué à la fois par la chaleur lourde et par mes travaux de dactylo. Je recommence à penser à la novella en cours. L’été se prolonge, un peu triste.