#4024

Respiration, soulagement : il a plu ce matin. Sous un ciel plâtreux qui gronde encore, les merles volent de branche en branche entre le troène et le micocoulier, et les escargots sont de sortie. Le bel Italien des Parapluies de Cherbourg vient de disparaître. Peu dormi cette nuit, fatigué à la fois par la chaleur lourde et par mes travaux de dactylo. Je recommence à penser à la novella en cours. L’été se prolonge, un peu triste.

#4023

Deux ou trois fois chacune, mes deux chattes descendirent miaulantes dans la petite chambre au niveau de la cave, exigeant de savoir ce que je faisais là. Comme elles n’entendent rien ni aux problèmes climatiques ni aux questions littéraires, je ne leur répondis point et continuai à taper au propre la troisième de mes nouvelles estivales. J’ai donc la tête qui sonne un peu comme une vieille cloche (fêlée, je veux dire), mais c’est enfin fait, tout est au propre (avant relecture et passage d’Antidote, s’entend). Et ainsi, presque achevé est le prochain recueil, alors que le nouveau vient à peine de paraître, que vous n’avez pas encore acheté ; simple étourderie de votre part j’en suis certain. Mais enfin, ainsi Archives d’un détective à vapeur prend bonne forme, ne me reste à finir que la nouvelle compilant des documents policiers divers (authentiquement basée sur des rapports photocopiés que mon fils me procura lors de ses études de droit, il y a déjà un certain nombre d’années). Et vogue l’uchronie, monsieur Bodichiev progresse tranquillement.

#4022

Ça y est, les journées s’achèvent plus tôt, entre huit et neuf les trains sifflent sous un éclat du ciel qui n’éclaire pas, du bleu sombre monte dans le jardin. Les grandes mains du figuier virent déjà au jaune. Avançant lentement vers le rétablissement, j’ai tapé au propre deux des trois nouvelles composées cet été. Je me demande d’ailleurs ce que valent ces tablettes / bloc-notes numériques, si réellement la conversion au texte tapuscrit s’avère satisfaisante.

#4021

Allons, en deux ans je ne suis allé à la brocante dominicale de saint Michel que deux pauvres fois. Ce matin je me suis donc un peu lâché, les opportunités ne manquant guère : deux belles reliures de Pierre Loti dans les versions illustrées de chez Lafitte ; une pile de vieux Masque (mon dernier dada) ; une reliure de Foxie bien râpée ; et deux vases vintage de type Valauris. Le tout parfaitement indispensable, cela va sans dire. Je suis rentré titubant un peu, la canne tremblante mais la tête contente.

#4020

« Mais la pluie a fait le jeu du loup », lis-je à l’instant. Jolie expression que je ne connaissais pas, faire le jeu du loup. Dans un roman policier de 1962. Ici et maintenant, sous un ciel étrangement jaune la pluie ne fait aucun jeu, qui hésite et se fait attendre, mais en début de journée j’ai tout de même pris une drache en centre-ville. Mes nouveaux yeux sont commandés, mes vertiges vestigiels, mes fatigues toujours fréquentes. Convalescent.