#6038

Après une lourde et longue journée, sortir un instant au jardin pour respirer le parfum de pluie, cueillir quelques feuilles de menthe et dans l’air frais apprécier que flotte cette musique typiquement urbaine d’un mélange de sirène d’ambulance, de grondement ferroviaire et de chant du merle, juste avant le bleu du crépuscule. Plus tard, insomniaque, j’écoute le bavardage syncopé d’une averse sur le vasistas.

#6037

Enchanteresse nature ce samedi, sur un sentier de digue entre zone humide, ruisseau et Garonne. Nous l’avions déjà emprunté un beau matin d’hiver tout en givre, cette fois il éclate d’une profusion impressionniste. Les grenouilles ricanent et gloussent, un chevreuil dodu s’éloigne avec prudence, les grands arbres dodelinent sous le ciel calme. Blancheur du cerfeuil et de la silène, jaune des boutons d’or et du colza, étoiles minuscules des pâquerettes, et l’eau qui brille, étincelle. De robustes graminées se dressent tandis que s’ouvre le chant des oiseaux, sous les piliers électriques, seule empreinte humaine, où grésille la fée dans des structures aux allures de fusée de Tintin. Un lieu secret et préservé.

#6036

Quiétude verte d’un parc le matin, avant qu’en rangs pressés coureurs et clébards ne halètent dans les sous-bois. Un corbeau souligne le bleu d’un croassement sombre, un paon invisible lance quelques léons, un canard arpente une pelouse en grommelant. Pâquerettes et jacinthes. L’eau murmure derrière les bambous, et tournent les chevaux du manège.

#6035

Presque rien. Sur la brique faîtière de la maison d’à côté un merle chantonne face au soleil déclinant. Perchée au-dessus de lui sur la vieille antenne hertzienne, une palombe dodeline sa tête dorée. Le son de quelques cloches d’église flotte dans l’air doux. Les feuilles neuves du micocoulier frémissent sous une barre de nuages gris biffant le bleu tremblé du soir. Des cloches encore, le ronflement assourdi d’un convoi ferroviaire, une moto lointaine.

#6034

Le soleil en rayons éblouissants fuse entre deux nuages d’orage et fait luire la bourrache toute neuve dans un terrain vague, auprès des bouquets de coquelicot. Dans le nouveau quartier, les trois citernes devenues rouges se réinstallent, seule victoire patrimoniale au sein de cette dystopie cynique où rivalisent blockhaus géant et copies d’édifice fasciste. Des corbeaux bavassent au fond des rues molles.