Le soleil brûle encore au-dessus des haies, rasant de langues rousses les prairies poudreuses, sous un ciel de porcelaine. Le soir hésite.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#3052
Il y a plein de villes d’une grande beauté, assurément, mais celle-ci est mienne, ainsi en ai-je décidé de très longue date, et sa séduction pérenne : je ne cesse de me dire « que cette ville est belle », que cela soit dans mes simples tours vespéraux ou en débarquant le samedi matin place Stalingrad, en filant par les petites rues du quartier saint-Pierre pour me rendre chez mon dealer de bédé ou en remontant la grande allée de chez mon parrain… et n’est-ce pas une bonne chose, que d’apprécier son environnement ? Ce matin les rues embaumaient toujours le jasmin et le chèvrefeuille, et ce soir assis au sein des bosquets de millepertuis j’écoute les grillons.
#3051
Promenade vespérale et ordinaire, dans les petites rues toutes emplies du parfum sucrée et insistant des chèvrefeuilles. Même le vent coulant sous la caresse tiède de l’air ne soulève pas ces senteurs. La croix noire d’un milan déjà familier du quartier depuis quelques années glisse entre blanc et bleu, au-dessus des toits.
#3050
Bzz. En attendant la pluie, le ciel en pagaille grise brasse de l’oiseau : quatre pies alignées sur l’antenne se disputent ; remplacées par le minuscule rouge-queue au grésillement insistant ; tandis que, très haut, un semis de martinets tourne et volte, petits corps noirs emplissant l’air de leur estival sifflement.
