#5072

Réveil lent dans la fraîcheur dominicale, assis sous un laurier près de la mare. La rosée me mouille les pieds. Des corbeaux protestent et papotent en claquant du bec. Vu trois chevreuils dans l’ombre des chênes. Hier soir, sorti faire quelques pas dans la nuit, j’ai dérangé des bestioles dont j’entendis avec amusement la carapate précipitée. Le chant des oiseaux tresse des dentelles sonores comme d’invisibles guirlandes dans les arbres.

#5070

Champignac dans les ombres longues du matin. La rosée perle encore les prairies étincelantes, l’herbe hésite entre le bleuté et le franc émeraude, des touffes de menthe verte percent çà et là près de la mare toujours vide, beaucoup moins courantes que leur cousine blanche qui s’étale en massifs fleuris. Les chênes commencent à roussir. Champignac est un territoire diffus et immobile, un fragile moment de temps entre les haies d’arbustes et les hanches des grands arbres.

#5069

Levé avant l’aube afin d’arriver à Champignac pour l’heure du petit-déjeuner. Le ciel passe du bleu profond à un azur sale et incertain puis à un blanc ombreux qui vernis la ville de grisaille. L’éclairage urbain s’éteint soudain. Le tram approche, cyclope au front buté. Les nuages fuient en rangs serrés puis, enfin, se dégage la vaste coupole d’un bleu doré qui annonce de nouvelles chaleurs.

#5068

Une jolie formule de Jean Ray, la « houle verte » d’un jardin, citée par Serge Lehman dans sa robuste préface aux Derniers contes de Canterbury dans la nouvelle édition réalisée par l’Arbre vengeur. Un vraiment beau livre, hardcover et bichrome, de quoi célébrer enfin comme il se doit ce grand écrivain : il y a tant de grands livres de langue française qui jamais n’ont obtenu une édition digne, faute d’une culture de la belle reliure en France. Bref, je viens donc de me délecter de cette préface pour me (re) poser un instant, me trouvant encore dans l’état d’épuisement post salon Hypermondes. J’en ai même la vision trouble, ce qui n’est guère commode lorsque l’on bosse sur ordinateur.