Just for fun et avant de partir pour un petit week-end tourangeau. (publicité dans The Graphic, Noël 1927, courtesy of Mr. Poa)
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#2559
Sur la page d’accueil du site des Moutons électriques, le quatrième menu se nomme « thématiques ». Nous y avons répertorié divers motifs récurrents des livres que nous publions — et au sein de ces regroupements, vous noterez peut-être le terme de « nature writing ». Trois titres seulement, trois romans, y apparaissent : Conte de la plaine et des bois, de Jean-Claude Marguerite ; Dur silence de la neige, de Christian Léourier ; et La Lisière de Bohème, de Jacques Baudou. Mais qu’est-ce donc que le « nature writing », bon sang de bois ? Eh bien, il s’agit d’un genre littéraire à la double nationalité : dans sa version anglaise (celle que je préfère), il s’agit d’écrire sur le rapport intime entre l’homme et la nature, entre la culture et la nature, à travers aussi bien le jardinage (art anglais s’il en est) que la promenade, l’observation ou la philosophie, les espaces encore sauvages aussi bien que la campagne, mais également les franges urbaines. Dans sa version américaine, c’est véritablement la littérature des grands espaces, introspective et sensuelle, feu de bois et canyon, celle que l’éditeur Gallmeister promeut assidument. J’avoue ne goûter que fort peu celle-là, généralement d’une virilité triomphante et peu écologiste, une littérature de chasseurs plutôt que de naturalistes, un truc d’hétéros à grande gueule en chemise à carreaux, imposé par l’américanisme galopant de la branchitude française canal Colin historique. La mentalité américaine m’irrite, je préfère ô combien l’approche britannique, ouverte, contemporaine et sensible — j’ai d’ailleurs constaté avec intérêt que si une partie de ces ouvrages de réflexion / observation sur la nature sont l’œuvre de naturalistes, un certain nombre l’est également de poètes. Tout cela pour dire qu’à travers les trois romans que j’ai eu la chance de publier, j’ai déniché un petit peu d’une expression francophone du « nature writing », une approche bien à nous où un brin de fantastique permet de toucher à notre rapport avec l’environnement naturel — un fantastique à ciel ouvert (*). J’en veux pour preuve, par exemple, que le Marguerite répond presque exactement à la définition qu’esquissait du « nature writing » un journaliste du Figaro il y a quelques années : « Un homme. Un chien, peut-être. Un homme et son chien, éventuellement ! Des arbres, du ciel, de l’eau, de la neige, des cailloux. Des parties de pêche, de chasse, et beaucoup de solitude. »
Aurai-je l’occasion de publier d’autres romans relevant du « nature writing » ? On verra bien, il s‘agissait de rencontres de hasard. En attendant, je fus heureux de les saisir, ces belles occasions, et pour mon propre plaisir je reviens régulièrement à ce « nature writing » anglais que je découvris par hasard, un jour, par la grâce d’un étalage de librairie londonienne.
(*) … auquel je raccrocherai aussi Le Pays sous l’écorce de Jacques Lacarrière, cet étrange et poétique récit que je n’ai eu de cesse de chroniquer et re-chroniquer au fil des années, jusqu’à l’introduire finalement dans le Panorama illustré de la fantasy & du merveilleux.
#2558
Je n’avais quasiment jamais fait ça, mais maintenant j’ai une « pile à lire » qui monte, qui monte, et je n’ose pas ranger lesdits bouquins, espérant encore pouvoir les lire dans un temps raisonnable… Mais en fait non, depuis quelques temps je ne lis plus que pour les Moutons électriques ou (encore plus) pour un projet secret… Plein de bonnes choses, fort agréables, mais sauf quelques bédés la part de mes lectures « hors job » s’est réduite à presque rien… (trop dure ma life)
#2557
Grande promenade hier sous un ciel pesant et voilé, entre genets, chênes et chênes verts, sur la caillasse blanche et le sable, tandis que s’ouvraient çà et là des perspectives sur les collines en vagues vertes et les parcelles violettes de la lavande, au sein des vols de papillons. Jusqu’à l’ô combien pagano-celtique source des nymphes, où ces dernières avaient été remplacées par moult grenouilles flûtantes et croassantes. J’attends maintenant l’heure du départ sous un océan rugissant d’arbres bousculés par le mistral.
#2556
On croise tant de monde, dans une vie, et tant de ces personnes faussent à notre regard. Oh dans certains cas tant mieux, les fâcheux, les imbéciles, les indifférents… Mais il y a tellement de gens qu’il aurait été intéressant d’accompagner ; ou au moins, connaître un peu plus avant leur destin. Me viennent ainsi parfois en mémoire des garçons que j’ai croisé plus jeune. Michaël le brun, tout fou, si brillant quand il le voulait mais au versant si aisément sombre, avec sa propension à être sale, je n’ai jamais rencontré cela chez personne d’autre. Un autre tout fou au fort charisme, ce Sébastien bondissant qui aimait les filles trop jeunes et qui partit pour devenir danseur sans une compagnie. Mon blond Werner qui se destinait à reprendre l’exploitation agricole parentales près de Vierzon. David d’Amsterdam que j’ai toujours regretté de perdre de vue. Sylvain M. Michel T. Christopher C, mon gentil coiffeur Andrew… Tant et tant d’autres, croisés quelques années et puis chacun vit sa vie. Autant d’histoires.
