Sous le ciel tour à tour voilé ou gribouillé, dans le silence de Champignac, je me tiens comme suspendu, immobile, au bord de l’agitation de la rentrée, celle qui m’attend à partir du lendemain. Les bambous oscillent au-dessus de la mare asséchée, les frondaisons des grands arbres agitent un bruit de marée. Un semis de menthe blanche en fleur couvre les prairies fauchées il y a quelques semaines, à nouveau verdoyantes. Juste un moment.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
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Citoyen de la ville, lors de mes week-ends à la campagne je ne lasse pas de m’enthousiasmer des quelques animaux que j’y peux observer : monté en haut du domaine pour aller voir les chevaux d’à côté, j’ai dérangé deux chevreuils et trois grands oiseaux blancs, certainement des aigrettes. Ce midi un petit rapace, buse ou faucon, se tenait sur le fil électrique au-dessus d’un pré. Joies sans doute naïves d’un vieil urbain.
#5053
Un vent encore chaud caresse les rues calmes et lourdes, fait murmurer les sombres frondaisons, provoque des grincements de gouttières et se glisse par les fenêtres. Il annonce l’effondrement de la température, le retour d’une douceur automnale, espèrent hommes et chats qui cuisent depuis quatre jours. « Le rideau de fer de l’obscurité râcle le gosier des maisons », comme écrivaient Beucler et Fargue dans leur Composite que je lis actuellement entre deux polars de Ngaio Marsh. Il sera bon de respirer à nouveau, je commençais même à avoir du mal à penser, la tête fendue. Assis dans les jupes de la nuit, je hume le limon de la ville, je guette les lueurs, je reprends mon souffle.