Quel silence ! Descendant hier matin la rue proche pour me rendre à la pharmacie, j’ai presque cru être devenu sourd tant l’épais édredon estival couve une ville déserte. Un long coup de trompe dans la tranchée ferroviaire, de sombres cloches d’église hier sous un ciel fumeux et rougeâtre, un petit enfant babillant dans une piscine, c’est bien tout. Dans ma micro jungle, les grattements de la merlette résonnent avec solennité. Tout est immobile.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
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Eh bien, j’en suis déjà à 20 polars de Ngaio Marsh lus sur ses 32, et je ne suis nullement lassé de ce marathon de délicieux romans vintage qui, bien au contraire, semble plutôt avoir un agréable effet stabilisateur sur mon humeur, actuellement aussi calme que les longues rues vides de Bordeaux. Le Ngaio Marsh dans lequel je me trouve pour l’instant a pas mal de chiens dans son décor et je réalise n’en avoir jamais fait figurer aucun dans mes Bodichiev – quelques chats, oui, mais n’étant guère amateur de la gent canine… Des chevaux non plus d’ailleurs, sauf pour de rares allusions. Et comme oiseaux, seulement quelques corbeaux et une volée de mouettes.
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Assis au pied du séquoia immobile j’écoute le vent, ou plutôt, le bruit que provoque le vent dans les feuillages mobiles des autres arbres : à ma gauche l’agitation nerveuse des grands tilleuls et le cliquetis de la chute des bractées, et de l’autre côté le grand souffle de marée du bosquet de chênes et d’acacias, qui déferle en vagues bruissantes. Des bruines tombent parfois, qui atteignent à peine le sol.