Sonorités liquides de la nuit. Réveillé sans raison, j’entends au dehors le frétillement d’une légère pluie nocturne qui pleure sur le vasistas et, au rez-de-chaussée, les gloussements d’eau d’un radiateur ainsi que le tintement discret de la fontaine des chats. Je rêvais de l’océan, il y a un instant, je crois. Dans l’obscurité une rumeur monte : c’est l’averse qui enfle, emplit la chambre du bruit maritime de sa cavalcade puis se calme à nouveau, redevient une simple respiration.
Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#5003
Après un samedi de farniente effondré, se traîner jusqu’aux puces de Saint Michel, les yeux tirés et le dos froissé, afin d’aller admirer le dominical fatras toujours semblable et toujours renouvelé, les juxtapositions absurdes sur des tréteaux de fortune, les grandes gueules et les gueules cassées, les bouquins en vrac et les vases en alignement, les vinyles usagés et les tapis élimés, sous le bleu glacé du ciel hivernal.
#5002
Nous sommes le 12 février, jour de la saint Félix, et quelqu’un tire un feu d’artifice quelque part du côté de Bègles ou de Talence ; de ma chambre sous la pente du toit j’en entends les claquements secs et le crépitement nocturne. Je viens d’inspecter ce ciel de papier froissé que pique seulement la lune blanche, mais n’ai pas aperçu les festives explosions. Il s’agit d’un aspect de la psychologie bordelaise qui, je l’avoue humblement, continue à m’échapper : mais pourquoi tirer ainsi des feux d’artifice à tout bout de champ et à longueur d’année ? Grave question.
#5001
La nuit dernière encore, j’ai rédigé en partie deux scènes, me suis même relevé un moment pour vérifier quelque chose… alors que je suis incapable de me motiver le samedi ou le dimanche dans la journée pour écrire un peu. C’est légèrement absurde et sans doute un rien déplorable pour ma santé, mais enfin le roman avance ainsi à petits pas nocturnes. Les trépignements feutrés d’une averse sur le vasistas accompagnèrent d’ailleurs ces notes ; au matin cependant une belle et grande lumière me rassura quant à ma promenade hebdomadaire, purement urbaine cette fois et touristico-librairienne, un terme qui devrait exister.
#5000
Voulant décompresser un petit peu durant une demi journée, en ce lumineux mardi je me suis rendu avec mon excellent ami Gerardo sur les traces du fuligule morillon, de la crépidule, de l’hélicette carénée, oh et de la fissurelle bien sûr, comme du grimpar, de la viscache ou du bézoard…
(Il est pas mal ce muséum.)