#4098

Un véritable hiver, le brouillard en plus, qui ne semble plus vouloir se lever. Les façades blafardes, les chaussées et trottoirs vernis d’humidité, les toits gommés dans un ciel d’ardoise crayeuse, la lumière voilée : toute la ville frissonne dans un lait gris.

#4097

Je me rends bien compte, en écrivant mon « grand roman », qu’il y est souvent question d’âge : une partie des personnages concernés se trouve au bord de la retraite, évolution de leur biographie oblige. Bon, il y aura aussi une jeune femme, deux jeunes filles, deux jeunes hommes… mais la thématique du vieil âge sera tout de même pas mal présente, c’est certain. Effet de mon propre âge bien entendu, moi qui me retrouve à discuter retraite dans des mails avec un vieux copain, par exemple. Un autre ami me dit sa tristesse de n’être pas dans le catalogue des 18 ans des Moutons électriques – catalogue surtout conçu pour les jeunes libraires et donc orienté sur le disponible / d’actualité, au détriment du fonds plus ancien qui n’y figure donc pas, hélas. Cruels arbitrages, des fois, en attendant des opportunités de nouvelles éditions. Et puis j’entends la porte d’à côté — un jeune couple vient de racheter la maison de la vieille dame, cette voisine que je regrette. Leur premier acte a été de couper tous ses arbres, les idiots. De l’autre côté, un autre jeune couple nouveau, aussi, avec un petit qui crie beaucoup, mais fort heureusement les murs sont épais et je ne l’entends que lorsqu’il sort dans la rue. Eh ouais, j’suis vieux.

#4096

Il y a peu, mon excellent camarade Patrick, vil tentateur, m’incita à acquérir un lot de vieux guides sur Londres, qui rejoignirent ma collection en la matière. C’est dans ceux-ci que j’ai pioché quelques brèves descriptions d’un quartier que je savais avoir disparu sous les bombes allemandes : Paternoster Row, cher notamment au détective Harry Dickson. C’est le bonheur d’une uchronie d’offrir ainsi un décor qui en vérité, de nos jours et dans notre univers, ne présente pas le moindre intérêt : les lieux n’accueillent plus que des immeubles récents et des boutiques de chaînes. Alors que pour le parrain de Bodichiev (un personnage que je regrettais de n’avoir presque pas mis en scène jusqu’à présent) il s’agit toujours d’un havre de bouquinistes et d’éditeurs, un délicieux coin de Londres abrité sous Saint-Paul, labyrinthe de petits bâtiments du dix-septième siècle emplis d’une quantité prodigieuse de livres. Je m’efforce dans ce « roman choral » que je construis lentement de faire le portrait des gens et des lieux de mon univers parallèle, plus en détail et de manière plus multiple qu’à travers la focale forcément étroite des nouvelles du cycle.

#4095

Au petit matin, je me suis dit que zut le week-end passait beaucoup trop vite et que c’était déjà lundi… Mais au réveil non en fait, nous n’étions encore que dimanche, quel soulagement ! Flûte, rien du tout à la brocante, bien pauvre depuis quelques mois hélas. Rentré, je me suis mis à écrire une bonne partie de la journée, l’inspiration étant là, entre quelques lectures (un polar catho et du « nouveau roman » version Claude Mauriac, ouais cherchez pas). Et puis un peu de boulot ovin le soir. Ah flûte, cette fois c’est vrai, ça va bien être le lundi…

#4094

Longue promenade du samedi matin dans une nature givrée, le sol craquait comme une moquette de palace et le soleil éblouissait en bord de Garonne. Fossés blanc bleutés, digue verte, lointains bruns et, accroché aux bras dénudés des arbres, le gui en hautes boules crochues. Puis les roseaux diaphanes dans la lumière.