#2426

En cercles lents, le petit rapace tourne au-dessus du quartier, ailes largement tendues, rousses dans le soleil sur le fond bleu tendre du ciel. À chaque tour, il se décale un peu plus vers la gauche. Un bruit près de moi me distrait : la chute d’une feuille de figuier, jaunie par la chaleur. Lorsque je relève la tête, le faucon a disparu de ma fenêtre de vision.

#2420

Il semblerait que mon environnement immédiat ait gagné une chouette : voici quelques fois que, de nuit, j’entends un doux et discret hou-houuu. Au petit matin, j’ai enfin eu la confirmation, également, d’une présence de volatiles dans le plafond des toilettes. Depuis que je suis installé ici, j’entends de petits froissements sous ce toit, mais les animaux qui nichent là doivent s’introduire par l’autre côté, le jardin de la maison inoccupée, et je n’ai jamais su s’il s’agissait bien d’oiseaux comme je le supposais (plutôt que de pipistrelles, rares ou absentes des environs, ou de loirs), ni desquels. Ce matin à l’aube (littéralement), j’ai capté un léger piou-piou, confirmant mon soupçon. J’aime entendre ces bruissements, minuscule et rassurante présence : les architectures neuves, hermétiques et sans aspérités, provoquent une terrible hécatombe chez les petits passereaux. En Angleterre et dans d’autres pays, le moineau est devenu rare, 90% de leur population ayant disparue ; même à Paris, il y a une chute de 10% du nombre de « piafs ».

#2415

N’étant toujours pas blasé de mon environnement, je m’efforce d’être attentif, observateur. Pourtant sans ce soleil rasant juste au-dessus de l’arrêt de bus, quand aurai-je enfin repéré au pignon d’un alignement de maisons de ville toutes semblables, grises et lourdes, la mention d’un H.B.M. de 1897 ? C’est pourtant à côté de chez moi. À un arrêt de tram, en centre-ville, j’ai levé le nez sur une belle façade où les sculptures de deux jeunes femmes se penchent de part et d’autre au-dessus des embrasures, tournées l’une vers l’autre pour un gentil commérage de pierre.

#2414

Des étourneaux, me demandai-je, il y en a-t-il dans le quartier? Eh bien oui-da, affirmatif, je viens de les entendre piailler d’envergure sur le boulevard. Ils nichent au sein du feuillage d’une rangée de petits tilleuls et, dans la lumière bleu-or nocturne, les volatiles demeurent invisibles, seules remuent et bruissent les frondaisons.

#2412

Strange things are happening. Depuis une semaine ou deux, le quartier résonne de « screech screech ! » réguliers et vocaux. Tout à l’heure, je suis descendu dans la rue d’à côté pour trouver d’où proviennent ces cris d’oiseau. Facile : quasiment d’en face chez moi, à l’angle de la résidence. Le mur du jardin est trop haut, je n’ai donc pas vu le volatile mais lui a sans doute senti ma présence, car il a varié ses appels en quelques « raaarh raaarh croaaa ! », qui me firent penser qu’il s’agit certainement d’un mainate. Oh l’animal, qu’il est bruyant : je viens de compter, trois « screech » en une minute. Et puis, sur le mur du garage attenant le jardin du mainate, j’ai observé une curieuse liane, d’où pendent des fruits en forme de prune, de l’orange d’un abricot… Fruit de la passion : tudieu, un bout de jungle au coin de chez moi ?