#5022

Se réveiller à trois heures du matin avec soudain en tête une petite scène, ruminer un moment puis l’écrire – check. Voulant que ce roman fasse une sorte de portrait beaucoup plus complet de mon univers d’uchronie que ne le permettent les fenêtres étroites que sont les nouvelles, je ne cesse de me dire « Oh je n’ai jamais fait de scène » de ceci ou de cela, « je n’ai jamais spécifiquement dit si les gens fument, s’ils portent des chapeaux, s’il y a des jetons de Taxiphone, ou des joueurs d’orgue dans les rues piétonnes »… La vie quotidienne quoi, que je m’efforce donc de glisser dans ce roman policier (quand même) par petites touches… Bosser sur l’effet de réel, de profondeur, en somme.

#5021

Les quelques averses ont rincé le ciel, maintenant d’un bleu dur, et enfin lavé les feuillages des blémissures de sable saharien. Un froid sec s’installe, bien loin des neiges qui accablent apparemment le reste du pays. Je dis souvent que la Nouvelle Aquitaine devrait prendre son indépendance. Sinon, j’avais bien débuté mon « gros roman » mais rien fait de plus depuis deux jours qu’une phrase en passant (« En bas, posté à l’entrée de la grande artère commerciale, un orgue limonaire rémoulait les airs de quelques chansons populaires, dont les notes montaient vers lui en grelotant ») car boulot ovin + relecture de mon prochain recueil, c’est bien aussi. Dimanche, signature au salon de Chaniers (près de Saintes), le week-end suivant salon Escale du Livre à Bordeaux, je ne vais guère chômer ces temps-ci.

#5018

Le beau-livre que j’achève de mettre en page, Science-fiction !, utilise beaucoup la métaphore du voyage pour exprimer l’une des fonctions de cette littérature. Il s’agit d’un élément que nous avons saisi a postériori, en bâtissant ce grand puzzle d’articles et d’images. Et bien entendu, ça me parle, car du voyage, j’en manque terriblement. Ainsi, j’envisage, au-delà du « gros roman » que je débute, de consacrer sans doute, un jour, un dernier petit recueil à monsieur Bodichiev, qui s’intitulerait « Voyages d’un détective à vapeur ». Une seule nouvelle est déjà écrite (celle juste parue dans le troisième Fiction l’imaginaire radical), une autre est débutée, qui commence à Lisbonne mais qui devrait se conclure à Rome — et après beaucoup d’hésitations et de reports, il semblerait qu’effectivement j’aille à Rome une petite semaine fin avril. Une éternité que j’ai envie d’y retourner. Dans d’autres textes, c’est tristement ironique, j’ai envoyé Bodichiev en voyage à Kiev et à Odessa — las, jamais je n’irai, comme c’est parti. Vu les régimes tyranniques et homophobes de ces pays j’avais déjà fait une croix sur Saint-Pétersbourg, Istanbul ou Budapest, j’espérais encore me rendre un jour à la belle Odessa… Le monde se referme. En dépit du Brexit j’aimerai bien retourner à Londres et en Écosse, j’y songes souvent.

#5012

Trouver le temps d’écrire, c’est la grande question. Car cet été devrait me tenir plutôt éloigné de mon clavier, occupé à une tâche plus physique. Il me faut donc cravacher en ces mois creux afin primo de finir le « grand projet » qui m’occupe éditorialement ces jours-ci, puis il me faudra bosser sur une révision de traduction, avant d’enfin revenir à mes détectives et à mes dirigeables. D’ici là, je saisis toujours à la volée des bribes pour ne pas les oublier et, peut-être, ensuite, parvenir à compléter le puzzle. Exemples :
De temps à autre, Leni se penchait vers l’ombre verte où se heurtaient des barques. / L’odeur à la fois suave et amère du canal.