#4039

Aux patères dans l’entrée, j’ai deux feutres et un canotier, mais le chapeau ne se porte plus guère. Tout juste en attendant devant la gare vois-je quelques hipsters à bonnet ou à bob et un groupe de beurs en casquette à visière longue ; les femmes sortent toutes « en cheveux », de nos jours, plus de couvre-chef. Je regrette cet appauvrissement de la mode et porte une casquette molle, presque sans visière, une légère l’été et une plus chaude en laine pour l’hiver. En constatant tout cela ce midi, je me suis demandé si dans l’univers de Bodichiev les citoyens portent encore des chapeaux. Bodichiev lui-même a souvent une casquette. Je vais indiquer ça, je crois, en passant.

#4038

Samedi dans le train j’ai débuté encore un petit texte pour le cycle Bodichiev : une lettre, car à force de relire tout Dorothy Sayers son astucieux système d’introductions épistolaires m’a inspiré. Une forme différente. Trop fatigué au retour pour continuer, mais cela me fait un petit texte « aisé » auquel revenir à d’autres occasions – rien ne presse, je vois loin et il s’agira je pense de l’intro au recueil « Voyages d’un détective à vapeur » pour lequel je n’ai qu’une nouvelle. Me projeter ainsi est fort plaisant, de quoi écrire / cogiter pendant quelques années encore.

#4036

Une immense lune flotte en filigrane ce matin au-dessus des voies, blanche sur le bleu. S’y distinguent parfaitement les rivières et les villes auxquelles je rêvais étant enfant. Cette même lune qui cette nuit me réveilla en éclaboussant mon lit de cet argent irritant qui empêche de dormir. A peine émergé du sommeil qu’une scène de Bodichiev me vint, assez longue, que j’ai rédigé sur l’iPhone.

#4035

« La ville ne se couvrait plus que d’une brume translucide, de quoi adoucir son visage, toute laideur gommée, et porter un halo humide autour des lumières. Le crépuscule tombait sur une London mouillée et brouillée. La Tamise frissonnait, onde silencieuse et sombre. »

La rentrée est bien là, avec ses urgences, ses nouvelles maussades, ses contraintes. Reviendrai-je à l’écriture de mes Bodichiev avant que n’arrivent les Hypermondes et le mois d’octobre ? J’en ai bien envie mais le réel a des résistances, la convalescence aussi.

#4034

« Tu n’arrives pas plus tôt dans un pays que les indices se répandent, que les faits se déclenchent, que les choses cachées se révèlent. » (Jacques Ouvard)

C’est la malédiction délicieuse du détective : sitôt arrivé quelque part qu’un crime se commet, qu’un mystère exige résolution. Je m’en amuse bien entendu dans mes Bodichiev (les polars uchroniques que je signe du pseudo d’Olav Koulikov, explique-t-il pour les plus distraits). Dans le recueil en cours de bouclage, les Archives d’un détective à vapeur, grippé et déprimé en vacances sur l’île des Dix petits nègres, Bodichiev par exemple doit enquêter sur le meurtre d’une jeune fille, ou bien en conférence à Oxford il découvre un suicide suspect. Et dans le plus récent recueil, les Confidences d’un détective à vapeur, en villégiature avec le jeune Viat sur la côte dalmate, les voici encore confrontés à la mort. Jamais tranquilles, quoi.