#4038

Samedi dans le train j’ai débuté encore un petit texte pour le cycle Bodichiev : une lettre, car à force de relire tout Dorothy Sayers son astucieux système d’introductions épistolaires m’a inspiré. Une forme différente. Trop fatigué au retour pour continuer, mais cela me fait un petit texte « aisé » auquel revenir à d’autres occasions – rien ne presse, je vois loin et il s’agira je pense de l’intro au recueil « Voyages d’un détective à vapeur » pour lequel je n’ai qu’une nouvelle. Me projeter ainsi est fort plaisant, de quoi écrire / cogiter pendant quelques années encore.

#4036

Une immense lune flotte en filigrane ce matin au-dessus des voies, blanche sur le bleu. S’y distinguent parfaitement les rivières et les villes auxquelles je rêvais étant enfant. Cette même lune qui cette nuit me réveilla en éclaboussant mon lit de cet argent irritant qui empêche de dormir. A peine émergé du sommeil qu’une scène de Bodichiev me vint, assez longue, que j’ai rédigé sur l’iPhone.

#4035

« La ville ne se couvrait plus que d’une brume translucide, de quoi adoucir son visage, toute laideur gommée, et porter un halo humide autour des lumières. Le crépuscule tombait sur une London mouillée et brouillée. La Tamise frissonnait, onde silencieuse et sombre. »

La rentrée est bien là, avec ses urgences, ses nouvelles maussades, ses contraintes. Reviendrai-je à l’écriture de mes Bodichiev avant que n’arrivent les Hypermondes et le mois d’octobre ? J’en ai bien envie mais le réel a des résistances, la convalescence aussi.

#4034

« Tu n’arrives pas plus tôt dans un pays que les indices se répandent, que les faits se déclenchent, que les choses cachées se révèlent. » (Jacques Ouvard)

C’est la malédiction délicieuse du détective : sitôt arrivé quelque part qu’un crime se commet, qu’un mystère exige résolution. Je m’en amuse bien entendu dans mes Bodichiev (les polars uchroniques que je signe du pseudo d’Olav Koulikov, explique-t-il pour les plus distraits). Dans le recueil en cours de bouclage, les Archives d’un détective à vapeur, grippé et déprimé en vacances sur l’île des Dix petits nègres, Bodichiev par exemple doit enquêter sur le meurtre d’une jeune fille, ou bien en conférence à Oxford il découvre un suicide suspect. Et dans le plus récent recueil, les Confidences d’un détective à vapeur, en villégiature avec le jeune Viat sur la côte dalmate, les voici encore confrontés à la mort. Jamais tranquilles, quoi.

#4026

Même lorsqu’un chroniqueur exprime aussi bien son enthousiasme et sa compréhension de mon cycle d’uchronie que celui de Galaxies il n’y a pas longtemps, il trouve tout de même moyen de citer Sherlock Holmes et glisse à peine vers Poirot. Sans doute est-ce une difficulté que d’écrire du polar pour un lectorat SF : ils n’ont pas tellement la culture du roman policier. Car en vérité, je n’ai jamais songé à Holmes en écrivant mes petites histoires : Hercule Poirot oui bien entendu, et son assistant Hastings, furent mes premières inspirations – quelques reflets, disons. Puis une influence de Maigret pour Bodichiev, et un peu de Lord Peter pour Viat — venant de relire tout Dorothy Sayers j’y discerne bien les menues traces dont sa lecture marqua mon travail. Du Flaubert, une fois. Et Chapeau melon et bottes de cuir pour un certain charme. Mais tout m’influence ou me nourri, maintenant que je me suis vraiment réinvesti dans ce cycle. Puis aussi, en avançant dans tout cela, j’ai mis de plus en plus de micro touches de moi-même chez Bodichiev, et de mon fils à différents âges dans Viat. Parti d’archétypes je tends naturellement vers une peinture un peu plus personnelle, d’autant que j’alimente mes nouvelles de passages de mon blog, qu’ils soient rédigés intentionnellement pour Bodichiev ou bien que j’aille y « piocher » descriptions, ambiances, anecdotes ou souvenirs. Oui je sais, je n’arrête pas de parler de Bodichiev – que voulez-vous, il occupe pas mal mon esprit en ces mois de maladie et ces moments de langueur assez frustrants.