#4016

« Reprendre ses esprits, ils ne cessent de vouloir s’égailler », dirait Jaccottet. À quelque chose malheur est bon, dit la sagesse populaire, alors durant ces deux mois d’été entre vertiges et nausées je n’ai pas du tout conduit le programme d’écriture prévu : finir la novella Les Arrière mondes et faire un dernier passage sur le roman Les Trois cœurs. Tout juste suis-je parvenu in extremis avant d’être trop malade à boucler et corriger le recueil qui vient de sortir (et dont l’existence me surprend presque tant tout cela est frais). Mais j’ai écrit deux nouvelles que je ne prévoyais pas et terminée une autre – et aussi, beaucoup cogité, ressassé, noté, rédigé sur l’iPhone… (afin de lutter contre frustration et inquiétudes) Car novella et roman étant presque finis, et le recueil suivant itou (Archives d’un détective à vapeur), auquel il ne manque presque plus que la fin d’une nouvelle, je me projette forcément dans l’avenir de ce cycle – un « roman choral » qui s’esquisse et peut-être (sans doute) un dernier recueil nommé Voyages d’un détective à vapeur… Encore faudrait-il pour celui-ci que je voyage, justement, puisque je nourris ces fictions policières de mes propres notes sur telle ou telle ville visitée. Lors de mes passages à Lisbonne et à Vienne je ne me trouvais plus en « mode Bodichiev », de plus Vienne ne m’a globalement pas trop inspiré, j’y ai donc juste fait allusion, comme à Venise d’ailleurs, adorée mais sans sujet d’enquête, et sur Lisbonne je n’ai qu’un début de nouvelle qui se doit d’aller ensuite ailleurs – Rome si possible. Irais-je finalement cet hiver ? Et à Prague au printemps, deux voyages reportés depuis la pandémie ? Il me faudrait quelques autres excursions tout de même, je rêve par exemple d’Aberdeen – et je viens de trouver que refaire sur Bodichiev à Bordeaux. Ça brasse, ça note, ça rédige. Et s’achève l’été.

#4014

Tout fait ventre, dans l’imaginaire. Hier à Champignac, mon parrain sachant qu’à lire je fatigue vite eut l’idée charmante de me faire une lecture à haute voix du roman qu’il venait de prendre, un Pierre Loti. Ample langue classique, le beau style jusqu’à la préciosité, et des descriptions riches, vécues, goûteuses, de l’Istanbul du début du siècle dernier. Et outre le plaisir certain de cette séance, voici qui reliait comme magiquement avec une idée que je brassais vaguement pour le « roman choral » de Bodichiev que je commence à assembler dans ma tête : un segment à Istanbul. Un paysage émerge, de petites scènes s’esquissent.

#4013

Fini tout de même une longue scène de ma nouvelle, coupé à la grande cisaille quelques fâcheuses lianes de ronces, pris à la dictée un mail de mon parrain, terminé de lire le prochain roman de Nikolavitch ; maintenant je vais retourner à Sayers (ou à Pierre Loti) et au repos, tandis que l’aigle, un milan je suppose, tourne au-dessus des prairies avec des tiuuuuu-tiuuuuu dans l’azur voilé.

#4012

Témoin de ce que mon organisme est passablement perturbé par ce problème de santé, ces temps-ci je me lève tôt. Et puisque ce week-end à Champignac semble se faire sous le signe d’une fragile stabilité, j’ai donc écrit de bonne heure, à la petite table de ma chambre, devant le spectacle par la fenêtre de la lumière matinale mouvant sur la prairie et les grands arbres. Chaque moment de répit est bon pour grappiller une petite avancée dans mes travaux de rédaction. Le vertige et la nausée reviennent vite, me frustrant au milieu d’une scène.

#4009

Vers 2 heures du matin, réveillé par un cauchemar de ma vieille Jabule ; câlin, la chatte se rendort mais moi pas. Les petites cellules grises se mettent à s’agiter et, allant chercher l’iPhone, je note deux bouts de scènes, l’une brève pour la nouvelle en cours, l’autre assez longue pour la novella itou ; les deux ajoutant un détail encore manquant dans le cycle, les clubs anglais. Satisfait du minuscule labeur accompli, je replonge entre les bras de Morphée.