#2810

Ces temps-ci, j’écris un (court) roman. Il s’agit d’un nouveau Bodichiev, pour les Saisons de l’étrange, donc au moins ai-je un éditeur, ce qui est une assurance confortable — mon roman de l’été dernier n’ayant pas trouvé preneur à ce jour et mes polars jeunesse ne rencontrant que le mutisme des éditeurs, de même que mon recueil psychogéographique.

Bodichiev, deux recueils sont maintenant parus, et ce fut un grand bonheur — une forme de libération, aussi, après tant d’années à n’essuyer que des refus (« C’est des nouvelles », « C’est trop SF et pas assez polar », « C’est trop polar et pas assez SF »…). Ce roman-ci, il a débuté tout d’abord sous la forme d’un synopsis pour une BD que le dessinateur a vite laissé tomber (ça m’est arrivé pas mal de fois) puis comme un autre synopsis, cette fois pour un roman que je devais coécrire avec Ugo Bellagamba, qui laissa aussi tomber. Ayant dormi de longues années dans mes tiroirs, j’ai repris ce projet, en en retirant tous les apports d’Ugo (même s’il était prêt à me les offrir) et en bouleversant la chronologie, distordant peu à peu le synopsis jusqu’à presque en sortir — placer une telle histoire dans le cadre des enquêtes de Bodichiev obligeant bien entendu à beaucoup de changements. Je viens d’avoir l’idée d’une scène « charnière » qui devrait débloquer l’intrigue, je crois, en tout cas résoudre une faiblesse qui me tracassait.

Et puis je prends mon temps, c’est nécessaire car entre chaque séance d’écriture je rumine, je reviens changer ou ajouter des détails, je retouche, et j’avance à petits pas. Être revenu à cet univers uchronique me plaît toujours autant, je m’y sens si bien, et je me permets finalement d’incorporer de petites idées, de micro scènes, des lieux, des ambiances, auxquels j’avais vaguement cogité depuis très longtemps et qui trouvent leur aboutissement sur ces pages. J’en suis par exemple parmi les anarchistes végétariens (don’t ask) et ravi d’y être tant je pensais à ces scènes-là depuis une éternité. Ce n’est pourtant pas grand-chose, mais ça me libère l’imaginaire, comme des bouffées d’images personnelles qui trouvent enfin à se concrétiser.

#2805

Jours d’été, un peu paresseux, un peu languides. La maison est dans une pénombre encore fraîche, je n’ouvre plus les volets du bureau, je bosse autant que possible dans le salon — que le velum teinte d’orangé — et sur la terrasse, sous le petit arbre. Je bosse un peu pour les Moutons (commande de papier, signature de devis, corrections, bouclage de London Noir) et j’écris un peu, aussi, sans me presser quoique tout de même ça avance vite. 150 000 signes à cet instant, il ne faudrait pas dépasser les 250 000. Ça ira bien. Je suis moins assidu que l’an passé, envie de tranquillité. Je relis toujours des Maigret, avec un mélange de tendresse et d’admiration. Je viens de glisser une allusion à la Nuit du carrefour dans mon roman et mon perso est très bougon, cette fois, influence du commissaire oblige. L’an dernier j’étais sous perfusion de Modiano, cette fois c’est Simenon, j’aime bien me glisser dans des univers, comme lecteur mais aussi, légèrement, comme écrivain, mouiller un petit peu mon inspiration à quelque chose des autres.

#2800

L’orage m’a réveillé cette nuit, vers 4h je crois, fort et grondant, puis des cataractes, ce ne fut pas très long mais bien que tiré de mon sommeil j’ai trouvé ça agréable, appréciant le vent frais et le grand souffle de l’eau. Et puis, chaque fois qu’il pleut je me dis que c’est bien pour le jardin. Pas que Bordeaux soit avare de pluie, en général, mais je constate que j’aime assez cela, même en dehors des canicules. J’ai donc continué à relire un Maigret et bien sûr il y pleuvait, de cette « pluie longue et froide qui met des hachures claires dans la nuit »… Simenon lui aussi devait aimer la pluie, c’est sûr. J’ai repris mes travaux romanesques et comme de juste il y pleut beaucoup, dans ce texte.

#2775

L’an dernier, mes amis des Saisons de l’étrange m’ont fait l’immense plaisir de publier un recueil de nouvelles que j’avais sous le coude depuis une bonne quinzaine d’années : Mémoires d’un détective à vapeur, une uchronie policière avec des gouttes de SF et une ambiance quelque part du côté de Maigret et d’Hercule Poirot, du moins je l’espère… Et puis cette année, l’équipe a pris son indépendance complète, et ils m’ont publié la deuxième partie du cycle, Souvenirs d’un détective à vapeur. Ah oui, je signe de manière très schizo du double pseudo de Viat & Olav Koulikov. L’éditeur a un site, tout neuf. Et pour ma part, j’espère poursuivre cet été l’écriture d’un court roman avec le même personnage, Jan Marcus Bodichiev (pour lequel j’ai déjà tout le synopsis et pas mal de chapitres), tout en peaufinant çà et là une poignée de nouvelles pour, un jour peut-être, un troisième recueil.

#2764

Dans le flot de tout ce que l’on écrit, il y a forcément des choses qui nous plaisent plus que d’autres, pour des raisons et à des degrés très différents. Ainsi je pense que ma longue préface à un recueil de Thomas Burnett Swann, pour Folio-SF, est sans doute l’un de mes meilleurs textes. J’ai également une grande tendresse pour mon deuxième polar jeunesse — las, celui-ci n’est jamais paru, la collection ayant été supprimée, et aucun éditeur ne daigne jamais répondre, je viens donc d’encore envoyer mes deux polars jeunesse à deux autres maisons… Les nouvelles formant le cycle de Bodichiev, que les Saisons de l’étrange viennent de publier en deux volumes signés Olav Koulikov, sont vraiment mon travail d’amour, la prunelle de mes yeux, et j’éprouve une grande émotion à ce qu’elles soient enfin disponibles, après une quinzaine d’années de refus divers et variés (enfin, pas si variés que cela : c’était toujours trop polar et pas assez SF, ou bien trop SF et pas assez polar). Les trois bios, celles de Holmes, Lupin et Poirot, me sont chères bien entendu. Et puis il y a un petit article, « Jeunesse des terrains vagues et de la rue », paru au sommaire du volume Jeunes détectives, les vies. Comme il est envisagé que ce recueil d’essais ressorte un jour en poche Hélios, je viens de le retoucher, y ajoutant en particulier un paragraphe sur ma lecture d’hier soir, un Daniel Picouly assez délicieux, dans le style farfelu de Pennac mais pour la jeunesse (Hondo mène l’enquête).