#2399

Encore une tristesse. Le révérend Dionnet vient de relayer le fait que Didier Savard vient de mourir, à seulement 65 ans. Tristesse réelle, oui, car ce fut longtemps l’un de mes bédéastes favoris. Son trait à la croisée des lignes claires hergéennes et franquinesques, faussement simple, suprêmement élégant, me ravissait. Ses deux albums sur scénar de Forest, hélas massacrés par la mise en couleur, étaient proprement géniaux, hilarants, et sa série des Dick Hérisson, un émule provençal de Harry Dickson, m’enchantait. Savard s’inscrivait toujours dans une tradition de littérature populaire, bien à mon goût. Je suivais en fait la carrière de Savard depuis ses tous débuts, en fan et abonné que j’étais autrefois d’un fanzine marseillais très à gauche Méfi ! (qui s’interrompit brutalement suite à un attentat contre ses locaux). Après donc, Savard fit les Dick Hérisson chez Dargaud ; je l’avais reçu en dédicace dans la librairie où je bossais, souvenir aigre-doux car absolument personne ne vint, un bide épouvantable, mais j’avais du coup discuté toute la journée avec l’auteur. Il avait cessé de publier depuis longtemps, je suppose qu’il était malade car son dernier album était d’un trait maladroit, tremblotant, marqué m’avait-il semblé par un Parkinson ou une horreur comme cela.

#2397

Disparition d’Yves Bonnefoy, voilà qui m’attriste. Pour ne pas lire beaucoup de poésie, tout de même, j’en lis un peu — et pour préférer largement la prose aux vers, j’ai lu Bonnefoy, bien sûr (et puis Arrière-pays qui est en prose). L’ai même vu en conférence, une fois. Suis finalement heureux d’avoir vu un tel bonhomme, tout comme cet autre vieux génial, Pierre Magnan ; je regrette de n’avoir jamais eu l’occasion de voir Jacques Réda ni Jean Borie, dans mes admirations personnelles d’écrivains.