#2456

J’ai le cœur gros. C’était un lieu fou, presque inquiétant dans son entassement, dans son étouffement. Magique aussi, car l’on ne pouvait guère y acheter que par sérendipité : le hasard heureux des découvertes, au gré de piles branlantes et toujours plus nombreuses. Monsieur Jacques Noël de chez Un Regard Moderne à Paris, vrai grand libraire, authentique dingue de livres, vient de disparaître. Je ne regrette pas d’avoir trop dépensé chez lui. J’aurai aimé pouvoir le faire bien plus souvent.

#2399

Encore une tristesse. Le révérend Dionnet vient de relayer le fait que Didier Savard vient de mourir, à seulement 65 ans. Tristesse réelle, oui, car ce fut longtemps l’un de mes bédéastes favoris. Son trait à la croisée des lignes claires hergéennes et franquinesques, faussement simple, suprêmement élégant, me ravissait. Ses deux albums sur scénar de Forest, hélas massacrés par la mise en couleur, étaient proprement géniaux, hilarants, et sa série des Dick Hérisson, un émule provençal de Harry Dickson, m’enchantait. Savard s’inscrivait toujours dans une tradition de littérature populaire, bien à mon goût. Je suivais en fait la carrière de Savard depuis ses tous débuts, en fan et abonné que j’étais autrefois d’un fanzine marseillais très à gauche Méfi ! (qui s’interrompit brutalement suite à un attentat contre ses locaux). Après donc, Savard fit les Dick Hérisson chez Dargaud ; je l’avais reçu en dédicace dans la librairie où je bossais, souvenir aigre-doux car absolument personne ne vint, un bide épouvantable, mais j’avais du coup discuté toute la journée avec l’auteur. Il avait cessé de publier depuis longtemps, je suppose qu’il était malade car son dernier album était d’un trait maladroit, tremblotant, marqué m’avait-il semblé par un Parkinson ou une horreur comme cela.