Ces temps-ci je lis ou relis du Eric Brown, autre favori hélas disparu, pas cette fois sa SF mais ses polars fifties, d’une qualité supérieure – le genre d’auteur qui influe à tout ce qu’il fait la précieuse note de talent qui fait toute la différence. Et puis ça me fait songer, entre deux tâches comptables et des séjours à la librairie où je suis bénévole, à la possibilité de continuer à « gratter », comme me l’a dit drôlement un copain avant Noël : écrire un peu. La perspective différente que me procure en ce moment le fait d’être en fauteuil roulant une partie du temps (talon fendu, très douloureux) me rend l’envie d’écrire encore du Bodichiev, cette fois en vision de handicap, à hauteur de fauteuil, on le fait trop rarement. On verra, j’y songes, tout comme je songes aussi beaucoup à Londres dont j’ignore si j’y retournerai jamais. Temps et humeur maussade des premiers jours de janvier, rien que de très classique.
Archives de catégorie : Lectures
#6106
Inévitablement, mes écrivains favoris vont disparaitre. Après Jacques Réda, c’est David Lodge qui vient de nous quitter, et un autre de mes favoris, Jonathan Coe, lui consacre un joli papier (https://www.theguardian.com/books/2025/jan/03/its-largely-thanks-to-him-that-the-british-comic-novel-remains-in-good-health-david-lodge-remembered-by-jonathan-coe). Rire à haute voix en lisant Small World (mon préféré), Nice Work et Changing Places. Bouleversé par la simplicité de Home Truths et le fait de réaliser qu’il y avait adopté la voix de Christopher Isherwood, un autre de mes favoris. Lu seulement récemment ses deux derniers, admiratif de son roman sur Henry James mais n’ayant hélas pas trop aimé celui sur HG Wells dont il n’évoque que l’obsession hétéro. Un auteur auquel je reviendrai encore, toujours, c’est certain, puisque j’aime relire.
#6098
Oscillant ces temps derniers entre des romans de Murakami et de Jonathan Coe, je suis fasciné non seulement par la fluidité captivante de leur prose, leur beauté, leur humour, leur dureté également — là où deux séries de « cosy fantasy » lues récemment aussi, pour sympathiques qu’elles soient, frappent tant par le convenu de leur écriture que j’ai cru lire de la fantasy des années 80 genre Barbara Hambly, alors que ça vient juste de paraître — mais en fait… par leur voix. Si différentes, singulières et reconnaissables. Des intimes de ces auteurs entendent-ils le son de leur voix lorsqu’ils les lisent, en reconnaissent-ils le timbre ?
(La photo est celle d’un téléphone de Pierre Véry, que possède mon ami et éditeur Christian Robin)
#6095
Trouvé ce matin l’un des drôles de romans d’une ancienne gloire bordelaise de l’université et des médias, Robert Escarpit, créateur notamment de l’IUT où je fis mes études et auteur d’une sorte de SF décalée chère au cœur de mon vieux camarade Pascal J. Thomas. Hier je lisais un autre ami, l’univers inquiétant des Navigateurs de Serge Lehman puissamment illustré par Stéphane de Caneva. C’est magistral, ce Paris parallèle et archéomythique, Redon, Cocteau, MacOrlan, je ne pouvais qu’aimer. Maintenant je m’essaye au Londres parallèle d’Alan Moore (Le Grand Quand).
#6093
Je le redoutais depuis longtemps. Je l’apprends au détour de la presse. Voilà, mon auteur favori, et de loin, vient de mourir. Jacques Réda (24 janvier 1929 – 30 septembre 2024). 95 ans est certes un bel âge mais cela ne me console guère. Bouleversé comme je le suis déjà en ce moment je retiens mes larmes, peut-être ne devrais-je pas.