#5039

Période estivale, propice aux lectures documentaires. Tout en poursuivant ma découverte amusée et plaisante de Ngaio Marsh, dont j’entends bien lire les 32 romans policiers, j’ai repris L’Affaire Saint Fiacre de Simenon car la nouvelle en cours s’en reflète en partie, et surtout je cogite à ce que je pourrais écrire ensuite, l’été prochain. Un roman autonome dans l’univers de Bodichiev mais sans ce dernier ? Reprendre mon vieux projet de roman choral sur Bordeaux dans les années 1980 ? Essayer de mixer / transformer les deux ? Pour ambiances je lis du Eugène Dabit et du Francis Carco, deux de mes écrivains urbains favoris.

#5012

Serial reading. Bien sûr, je lis un peu de tout, nouveautés ou anciennetés, par exemple ces temps derniers j’ai lu l’ultime Anne Fakhouri, chez Argyll, de la féerie écrite comme du roman noir américain — c’est curieux, assez fort, pas vraiment ma tasse de thé mais rugueux à souhait et le contraste est intéressant. Un roman chez Denoël, Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevik, une fantasy surprenante, à Nice et dans l’arrière-pays, avec des superstitions locales et des fantômes, une narration astucieuse. Et là je lis à la fois le nouveau Ugo Bellagamba, chez Mu, et le prochain Alex Nikolavitch, au sidérant souffle de grande aventure, superbe roman (fin août chez les Moutons électriques).

Mais surtout, tout le temps, en tâche de fond je ne cesse de lire ce qui constitue mon péché mignon : du polar GAD (le roman policier classique de l’entre-deux-guerres) encore et encore, et par auteurs complets. Ainsi ces derniers mois ai-je lu ou relu tout Clifford Witting, tout Cyril Hare, tout Edmund Crispin, tout Dorothy L. Sayers, autant de George Bellairs, de Ronald Knox et de E.C.R. Lorac que possible… Ça m’amuse bien, ces auteurs presque inconnus en France et si attachants, si british.

Hier soir j’ai commencé le premier Ngaio Marsh, puisque curieusement je n’avais encore jamais lu cette grande dame. Trente-deux romans plus une suite, cela devrait m’occuper quelques mois.

#5189

« Combien de livres peuvent entrer dans le corps d’une femme, d’un homme, combien peuvent s’y tenir debout ». Une belle citation de Sereine Berlottier, trouvée à l’instant dans une chronique du serial diacritikeur Christian Rosset. Justement je lis de la poésie, en ce moment. Rythme et appréciations différentes du roman, il s’agit d’une toute autre respiration. Car l’un de mes auteurs favoris, Jacques Réda, 94 ans au compteur, vient, ô miracle inattendu, de sortir un nouveau recueil. Sur les arbres, sujet qui justement m’est cher. Et au salon Escale ce week-end j’ai complété ma collection des recueils d’Etel Adnan.

#5182

Du « storytelling » appliqué aussi bien à la politique qu’à la publicité à la vogue quasi universelle des séries télé, nous vivons dans une société obsédée par les « histoires » : nous voulons que l’on nous raconte, nous voulons du récit. Je n’imagine pas qu’il s’agisse là d’un phénomène nouveau, bien sûr : de même qu’avant les stars de la pop et du ciné, il y avait par exemple les poètes à succès (Lord Byron !) et les étoiles de la danse ; avant notre époque, il y avait déjà les phénomènes des romans-feuilletons, par exemple. L’anecdote des gens se pressant sur le port de New York pour attendre l’arrivée d’un bateau apportant la dernière livraison d’un feuilleton de Dickens ferait pâlir d’envie les best-sellers actuels.
 
Tout cela pour dire que, comme la plupart de mes concitoyens, je suis « accro » aux histoires. « Accro » aux récits, je veux que l’on me raconte des histoires, et tous les jours, tous les matins, tous les soirs. Dans mes lectures personnelles comme dans la production que je m’efforce de faire émerger au sein de ma propre maison d’édition, ce qui me motive, ce qui me propulse, ce qui me met en appétit comme ce qui me nourrit, ce sont les « histoires ». Et quoique d’aucuns estiment certainement que je ne lis et ne publie que des « sornettes » (comme Malicorne disait en chanter), cela ne m’empêche pas dans un même mouvement de m’interroger sur les genres, leur construction, leur évolution, leurs formes diverses (car tout de même, du feuilleton populaire à la « spéculative fiction », il y a tout un monde, ou plusieurs), leurs forces… et leurs limites, bien sûr.

#5177

Mon auteur préféré vient de mourir. J’ai appris cela tout à l’heure alors que je me trouvais en bus, et c’est bête, mais j’ai eu envie de chialer. Pourtant on le savait, il était malade depuis très longtemps et avait fermé son blog en janvier. Ça reste un choc et une immense tristesse, j’adorais ce mec, sans jamais l’avoir rencontré — Christopher Fowler. Auteur d’horreur, au départ, puis, étant un fou d’érudition sur Londres, il s’était envolé avec sa série de roman policier étrange, « Bryant & May ». Je n’ai pas encore lu les deux derniers, je me les gardais — pas lu encore le polar qu’il a eu le temps d’écrire grâce à sa longue rémission, ni sa deuxième autobio alors que j’ai déjà lu deux fois la première, si drôle et si touchante. Je m’attendais à la mauvaise nouvelle et elle me frappe quand même de plein fouet.