#2459

Retour au calme hier soir, c’est-à-dire à la solitude, et est-ce en rapport mais l’écoute d’un CD de musique classique russe m’a légèrement mis le bourdon. Un peu de jazz éthiopien m’a remis d’aplomb, ainsi que la lecture du Larry Niven récemment méga-compilé chez Mnémos, L’Anneau-monde que je n’avais pas relu depuis mon adolescence, bien rigolo. De l’autre côté de la porte-fenêtre, j’ai maintenant un cossu jardin, installé ces derniers jours mais dont je ne profiterai guère aujourd’hui à en juger par le ciel blanc et bas. Les premiers repas sur la terrasse et les premiers pas félins à l’extérieur furent délicieux.

Gabriel Garcia Marquez vient de s’éteindre à un âge respectable, je n’ai lu que Cent ans de solitude (comme une majorité de personnes je suppose), en français d’abord, en espagnol ensuite, puis depuis de nouveau en français car j’ai perdu toute maitrise du castillan faute de pratique… Ah si, j’avais également lu l’histoire d’Erendira et de sa grand-mère diabolique, en espagnol itou.

#2458

Ma vie est ainsi faite que j’alterne entre des périodes de travail relativement détendu, des heures nombreuses mais calmes plus quelques promenades de fin de journée — et des périodes de travail intensif, le nez dans le guidon, la pression sur les épaules (parfois un chat aussi). Le deuxième cas de figure occupa ces derniers jours, pour le rituel désormais tri-annuel que je nomme « l’assemblage », à savoir les travaux de mise en page et de bouclage d’une livraison de la revue Fiction. Car pour être désormais coédité par les trois éditeurs du collectif « Indés de l’imaginaire », cet auguste périodique repose toujours sur mes épaules sus-évoquées pour ce qui est de la « direction de publication » — soit en clair, la maquette et les finitions diverses. Les deux chevilles ouvrières de la revue, Jean-Jacques et Julien, me rejoignirent donc en ma nouvelle demeure, et c’est en trio que nous trimâmes sur cette tâche, intense et concentrée. Le soir, Julien que je logeais cédait à la même envie que moi d’aller se détendre les jambes par une marche urbaine. Et d’apprécier comme moi aussi, la fraîcheur du fond de l’air comme la douceur de la blonde architecture. Enfin, blonde quand elle est nettoyée, sinon dans des nuances de beige tirant de plus en plus vers le gris, voir même dans le noir de mes années étudiantes pour certaines demeures encore délaissées en leur habit de suie.

Hier matin, le numéro étant bouclé, nous fîmes relâche et, comme si « arrache-pied » n’avait pas suffisamment défini ces derniers jours, nous allâmes user nos semelles de par la ville, ses rues, ses portes, ses quais… et sa méga-librairie. Une halte dans un pub pour une authentique nourriture britannique acheva de me requinquer. Rentré en mes pénates, je venais de terminer diverses corrections et retouches sur des couvertures, quand le téléphone portable sonna… Un ami de très longue date était de passage inopiné et pouvais-je le voir ? Ni une ni deux, je descendis à la gare et passais la fin de la journée avec lui, à discuter de livres numériques et de bande dessinée sous un soleil caressant. Dans un moment, je vais repartir, pour Toulouse, afin d’aider à tenir le stand apparemment immense des Indés de l’imaginaire au salon TGS SPringBreak, et la semaine prochaine retour annoncé d’un épisode de rythme mesuré, avec visite parentale pour faire le jardin — nouvelle étape de mon installation.

#2457

Ayant longtemps eu des « colocataires », qui géraient en aimables tyrans la chaîne hifi, je me suis habitué à avoir en quelque sorte mon DJ à domicile et ne me suis jamais vraiment fait, depuis le retour de la vie en solo, au fait de devoir effectuer de nouveau mes propres choix musicaux, dans ma CDthèque pourtant assez massive. J’ai donc énormément recours à la station Fip pour me fournir un fond musical agréable et inattendu. Fond qui cette nuit insomniaque, alors que je prenais une douche, m’a fourni une non moins inattendue madeleine new-yorkaise.

Je n’avais pas éteint Fip et j’avais omis d’allumer les lampes principales de la salle de bain, je me suis alors souvenu de la salle de douche du Pod Hotel dans Midtown Manhattan, sa pénombre chaude et en musique d’ambiance un peu de Gainsbourg… Et quand je suis sorti de la douche, Gainsbourg susurrait effectivement sur les ondes de Fip…

#2456

Tout m’agace, en ce moment. Il faut dire que la vie d’un éditeur solo tout seul dans son bureau, c’est en grande partie les tracas et les conneries qui vous tombent dessus comme de la grêle, finement, tout le temps, ça pique, ça use ; et la banque qui perd des traites, et la banque qui efface le mot de passe d’accès web, et l’organisme machin qui veut tel papelard, et le FTP qui merdoie, et le code-barre qui passe pas, et la faute que je n’ai pas vu, et est-ce bien le bon fichier, et est-ce le bon ISBN, et le transporteur qu’arrive pas, et la BnF qui est repartie à vouloir nous voler, et le nouveau local qui n’a qu’un seul jeu de clefs, et répondez à mon interview tout de suite maintenant, et bonjour moi être imprrimeurrrr moldave, et est-ce que je peux vous envoyer mon manuscrit parce que je ne sais pas lire ce qui est écrit clairement sur votre site, et ceci, et cela… Raaah, quoi, des fois. Insérez ici un grand cri de douleur et d’irritation.

(ça fait du bien)