#2543

Lectures : fini The Whispering Swarm de Michael Moorcock, curieux et très beau mélange d’autobio, d’univers parallèle et de fantasy ; l’absolument renversant City of Stairs de Robert Jackson Bennett, de la fantasy post-magique comme l’on dirait de la SF post-apocalyse ; l’amusant The Invisible Library de Genevieve Cogman, de la fantasy steampunk qui appelle sans doute des suites mais c’était fun ; et pour poursuivre dans les histoires de bibliothécaires magiques, je suis dans The Rabbit Back Literature Society de Pasi Ilmari Jääskeläinen – en anglais puisque pas traduit en français de toute manière, et la couverture m’avait attiré. Roman finlandais de fantasy urbaine disons, ou fantasy rurbaine pour être précis (petite ville, neige), amusant, intelligent, original, ça me fait penser à la fois à du Paasilinna et du Murakami, avec sans doute une pointe de Jonathan Carroll.

« Autumn seeped into the grass, plants and trees and gushed from the treetops up into the sky to cover the landscape. » (Pasi Ilmari Jääskeläinen)

#2542

Souventes fois, j’attends le bus ici, au pied de la jolie caserne de pompiers sixties sur l’autre rive, face à la flèche de Saint-Michel, et à chaque reprise ce panorama me fascine, la Garonne immense, le clocher pointu, l’alignement des façades…

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#2541

De l’autre côté de la fenêtre, les têtes blanches et roses des azalées oscillent dans le vent, les branches du bambou battent comme des bras et le mimosa hoche de toutes ses minuscules fleurs jaunes. Bordeaux pour moi a un goût d’enfance. Le mimosa demeure attaché dans mon souvenir à ceux qui, grands bosquets, tenaient la garde auprès du puits, à la Devinière, la maison familiale en Bretagne (celle qui se trouve en photo sur mon bandeau). Sur le marché, je peux acheter des Sainte-Maure, buches de fromage de chèvre à la tourangelle, comme l’on en mange chez mes parents. Sur le marché également, de l’autre côté de la barrière de Bègles chaque mercredi, s’installe la marchande d’une boucherie chevaline. Une telle boutique se tenait voisine de celle de mon grand-père, pour moi la viande de cheval est la meilleure. Et désormais, je peux donc inscrire les délices du steak haché cru et du saucisson fumé de cheval à mon menu, dans mon quotidien. Les voix, aussi : monsieur Mollat parle avec l’accent de mon parrain, ma propriétaire avec celui d’une cousine de mon père. Adulte, je suis en pays de jeunesse.

#2540

Il y a déjà longtemps, alors que je me trouvais avec lui dans la maison de son grand-père à Nyons — lieu aimé de plusieurs séjours savoureux —, et parce que je venais de lui dire mon goût pour les vieilles couvertures peintes du Livre de Poche, Ugo Bellagamba passa dans la chambre d’en face et en rapporta une édition de Babbitt de Sinclair Lewis, à l’illustration effectivement très belle. Et il me lu le début du roman — un morceau de prose d’une beauté à tomber. Le reste de ces brèves vacances provençales, je lu ce roman, avec un immense plaisir ; entre la beauté du style, parfaitement rendu dans la VF, et l’humour grinçant du texte, cette ambiance urbaine des années 1920, tout cela m’enchanta. Ce matin à la brocante Saint-Michel, j’en ai acquis une jolie édition hardcover (de 1968, mais illustration de jaquette datant de l’édition de 1952), avec grand plaisir.

C’est amusant : depuis des mois, un vendeur rapporte petit à petit toute une collection anglaise, d’une personne qui visiblement était particulièrement friande de biographies de « gens connus ». Des « célébrités » parfaitement inconnues de moi pour la plupart, stand-up comedians, personnalités des médias des années 1960 ou 70, lords et politiciens… Tout un univers bien britannique, dont j’acquière de temps en temps un élément, telles cette bio d’Edith Wharton, cette autobio de la jeunesse d’Ernest Shepard (l’illustrateur de Winnie l’ourson), ce document sur la fin de vie du duc de Windsor (le roi destitué aux louches amitiés nazillonnes)… ou bien encore Cheaper by the Dozen de Frank B. Gilbreth, alias Treize à la douzaine en VF, que je lu étant enfant sur le conseil de ma mère, tout comme L’œuf et moi ou Des chats dans le beffroi, autant de vieilles comédies qui me faisaient hurler de rire étant môme…

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#2539

Dans mon bout de jardin lavé de frais, la nature s’éveille. Jacinthes et glaïeuls ont poussé leurs lances vertes en petits bouquets pointus, le sol se couvre des feuilles rondes et des minuscules fleurs roses des myosotis, et le camélia porte plus de gros boutons rosés que de feuilles charnues. La marguerite présente une unique fleur blanche.