#2552

Un peu d’arrière-cuisine, pour une fois. Les subventions font partie du fonctionnement naturel d’une petite maison d’édition, figurez-vous — c’est ainsi. Ce type de financement fait partie intégrante de l’économie du livre. Mais, depuis pas mal d’années, ce qu’aura donné la région Rhône-Alpes aux Moutons électriques s’est carrément effondré — au point que nous allons migrer en Nouvelle Aquitaine officiellement, histoire de voir si l’herbe y est plus verte. Enfin bref, tout ça pour dire que depuis quelques années, les sous publics sont un peu venus à nous manquer, que nous avons compensés par un prêt à taux zéro du CNL (ce qui n’est certes pas aussi intéressant) et par diverses réorganisations. Et puis, l’idée nous est venue de nous auto-subventionner, en quelque sorte, de deux manières : par des crowdfundings, moyen de financer des projets ambitieux que nous ne ferions tout bonnement pas du tout (ou de manière nettement plus modeste) s’il n’y avait pas ces « financement participatifs » ; et puis un système limité d’abonnements-souscriptions à notre programme de romans, sur 6 mois, tant il est vrai qu’après tout, les souscriptions sont historiquement inscrites dans le fonctionnement de l’édition, alors pourquoi ne pas y revenir en ces temps d’érosion ? Ainsi est la vie d’éditeur que les ventes en librairie, pour constituer le principal de nos revenus, ne suffisent pas réellement. D’autres sources de revenus doivent toujours abonder à notre tréso, en amont, c’est normal et on n’en parle pas assez. Alors voilà : on avait testé ça, ça a semblé plaire alors on recommence !

#2551

Relecture de La Saison de la sorcière de Roland C. Wagner, autant pour me le remettre en mémoire que pour « déboguer » le texte de scories d’OCR (je le réédite en novembre prochain). Et à chaque relecture, l’impression d’un dialogue silencieux avec mon vieil ami, à la fois tendresse, admiration et tristesse. L’art narratif de Roland est impeccable, comme Le Nombril du monde cette autre plongée dans le fantastique contemporain ou la fantasy urbaine, choisissez votre étiquette, s’avère formidablement prenante ; la « petite musique » habituelle, si fluide, et cette géographie des banlieues qu’il aimait tant, ces figures de petits loubards comme Roland lui-même en était un autrefois, tout sonne si juste. Troublant aussi de relire cela en ce jour de deuil, après les nouveaux attentats de Londres. Dire que la fiction wagnérienne demeure totalement pertinente serait un euphémisme.