#2585

L’averse passée, Saint Michel luit, glisse, perle et dégouttelle… Fatras hebdomadaire, rituels, quotidienneté apaisée. Les voyages en Orient de Nerval, un pot en verre, une chayotte, des piments, des patates nouvelles, un Sainte-Maure, deux baguettes… La ville brille, les quais repeints de frais sous un ciel à la Sisley, avant l’averse suivante.

#2584

Une brume nimbait l’air nocturne d’un mince voile, d’un trouble, lorsque je suis sorti ce soir, un tulle qu’irisaient les lampadaires et que perçait la pleine lune. Un phare bleu fumait dans le lointain de la géométrie des caténaires. Quelques pas lents par les rues calmes, et des lueurs, des étincelles, saisies fugitivement par des fenêtres — le sweet home de l’un est toujours le mystère de l’autre.

#2583

Ce ne fut pas une bonne journée. Hier matin j’apprenais plusieurs mauvaises nouvelles, et l’une en particulier qui m’attriste particulièrement. Je ne parviens même pas à pleinement le réaliser : je ne vais plus croiser Henri en librairie ou à Saint Michel, cette figure locale, ce petit monsieur toujours jovial, des rides de rire au coin des yeux, formidable collectionneur de BD, chineur invétéré ; Henri qui pour moi faisait en quelque sorte partie du décor de « mon » Bordeaux, un passant, une constante du monde du livre bordelais ; Henri toujours une plaisanterie et un mot gentil aux lèvres, à la fois familier (depuis 35 ans que je le croisais) et opaque, si public et cependant complètement privé, avec qui j’avais encore discuté il y a peu chez Mollat, sans âge et dont je découvre parce qu’il est disparu mardi qu’il avait 62 ans, seulement. Salut Henri.