#2920

Un dragon se contorsionne dans le ciel enflammé et je rentre d’une de ces promenades solitaires où je me fais toujours vaguement l’effet d’être le personnage d’un roman calme et froid à la Modiano, le vieux type qui pratique la marche parce que c’est ne rien faire, mais en mouvement, qui rumine souvenirs et bouts de textes, part cueillir des bouquets urbains – hautes graminées qui sèmeront leur son sur les livres, branches fleuries de budleia qui embaumeront longtemps le salon – et au passage s’arrête à toutes les boîtes à lire : ce soir tiens donc, j’en ai rapporté un roman de Modiano.

#2919

Un train passe et dans ce vent froid du matin le souffle pousse vers moi son long grondement de bronze, entre marée et orage. J’ai lu que de nouveaux habitants de Lormont voudraient que cessent les appels sonores obligatoires : s’installer au-dessus d’une zone ferroviaire trouée de tunnels et vouloir que les trains se taisent, quelle effarante sottise.