#2859

Presque tous les dimanche matin, c’est-à-dire lorsqu’il ne pleut pas, je réponds à l’appel des deux marchés : les halles des Capu et la brocante de saint Mich. Selon les fois et les autobus, j’arrive par le long arc et le brasier bleu des quais, ou bien par la cohue du trottoir trop étroit avant le carrefour qui ronfle et fume. Et curieusement, en six ans je ne me suis toujours pas lassé. Également curieux que m’amuse tant cette plongée dans des foules, pour un vieux mec qui n’apprécie guère cela dans toutes autres occasions.

Eh bien là, semaine après semaine, chaque fois c’est semblable et différent : dimanche dernier les stands rares grelotaient sous un ciel glacial et des coups de vents, et je ne rapportai qu’un mince volume de Rimbaud — souhaité depuis longtemps, tout de même : enfin les textes, seulement les textes, sans toutes ces fichues notes où des profs croient bon de livrer « explications » et commentaires, fichus parasites, laissez donc Rimbaud parler. Aquarium ardent et aube de juin batailleuse : laissez-nous en trouver le sens, ou pas, c’est Rimbaud que l’on dénature à coups de notes de bas de page.

Ce matin, sur le bitume vernis d’humidité se pressaient les stands en grand nombre, sans parler des dames à brushing et des messieurs à poil blanc qui tractaient pour le candidat du clan présidentiel, et j’ai rapporté une poignée de Colette, Carco et Dabit, un Renée Dunan polardo-coquin ainsi que quatre jolies revues Pif des années 60. Papier humide, trouvailles au hasard, matin doux.

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