#5175

Bordeaux insouciant ? Devant moi dans le bus une jeune femme au téléphone parle lissage brésilien et soin des cheveux au botox. Place de la Victoire je croise trois personnes allant en différent sens avec planche à voile sous le bras, et un grand gars avec un surf. Au jardin botanique de robustes bambous invitent à l’exotisme.

#5173

En vérité, je ne suis pas allé à Paris, hier, mais dans cette proche banlieue anciennement rouge que l’on rallie par les agréablement nommées stations Gaité et Plaisance. Un petit pays de meulières et d’immeubles tissés de briques et de sables, de longues avenues protégées par de grands arbres, dans la lumière incertaine du soir hivernal et les jeux des vitrines. Le passage des bus et les échafaudages. La voix de cuivre d’un bas clocher voisin. Une réunion, des discussions, trois amis et un dîner de couscous : me revoici déjà sweet home, las et vaguement fébrile, à guetter la pluie qui tombe enfin.

#5172

Après les courbes de la gare de Bordeaux, les plis doux du paysage considéré depuis le train : vignes, collines et bois sous un ciel voilé de soie bleutée, pour un passage parisien rapide. Je voyage très peu, trop peu, mais hier efffectuant quelques sauvegardes et rangements j’ai cependant constaté que mon prochain recueil de Bodichiev — Voyages d’un détective à vapeur — avance malgré tout, je ne savais plus trop où j’en étais : Lisbonne puis Rome ; Florence ; Bruxelles ; Bordeaux ; Inverness en cours d’écriture ; et une intro épistolaire… voilà qui devrait faire la matière d’un petit volume supplémentaire, l’année prochaine. L’actualité immédiate étant le « best of » en Folio début mars et le court roman Les Arrière-mondes en mai. Pour le reste, je suis toujours dans les relectures et corrections du long roman, chaque fois que j’en trouve à grappiller le temps.

#5171

Hier soir, lors d’une passionnante intervention à la librairie du Basilic, Christine Luce évoquait la forme d’obsession qui saisit l’écrivain, ce qu’elle nomme une intrication : le fait de penser tout le temps à son projet en cours, à l’univers de celui-ci. Il s’agit de quelque chose que j’ai fortement ressenti cette semaine où, après la fatigue d’un intense séminaire avec mon équipe… alors que mes pieds me font toujours souffrir… et que l’arrachage lundi de deux dents m’a fichu en fièvre et en insomnies… et où je n’ai encore pu me replonger dans la relecture de mon roman… et que j’avais presque plus de boulot que possible… bref, lors d’une fichue semaine fébrile et éreintante, je me suis retrouvé à noter des « trucs Bodichiev » aux heures les plus incongrues, comme encore cette brève description couchée la nuit dernière…

« De l’autre côté des fenêtres, les seuls mouvements dans le paysage étaient les diagonales de la pluie et les glissements des nuages venant déjà jeter l’ancre pour la nuit. »