#6252

Dimanche matin ordinaire. Sous le trouble zinc du ciel, la fusée de saint Michel étincelle blanche sur son pas de tir. Une envolée d’airain a salué mon passage devant l’église. Une autre de cuivre marque celle de ma sortie de la halle (un saxo). Carottes, chou rouge, poivrons. Plus loin, la brocante morose car rétrécie serre son désordre sur le pavé gras. Pleuvra, pleuvra pas ? Pauvre papier. Et puis l’azur revient.

#6251

Habitant auprès de la tranchée d’une voie ferrée, je pense souvent, vraiment très souvent, à la Nuit du chat de Frank Pé, un bédéaste que j’ai beaucoup aimé (L’élan, Broussaille). Encore tout à l’heure j’ai pris cette photo en pensant à son œuvre, sans savoir qu’il venait juste de nous quitter.

#6250

Nous sommes passés directement d’août à janvier, et aujourd’hui j’ai vu un xipéhuz glisser dans le ciel, puis ce soir une dame sur un vélo qui passait en grinçant, son phare en cyclope trop blanc éblouissant un instant l’encre profonde d’une ruelle.

#6248

Tout en travaillant (lire, écrire) en tâche de fond sur un « grand projet », j’avance à pas rapides sur le dixième roman du cycle Bodichiev (Éditions Koikalit). Ayant dépassé les 200 000 signes je sais maintenant où je vais, la logique interne ayant fait son œuvre. J’écris généralement en scripturant (comment disent les jeunes maintenant ? En « jardinier »), c’est-à-dire sans plan préalable, seulement quelques idées en tête et une envie, cette fois, après l’apocalypse et les explosions du précédent tome, plus de calme. Juste avant que Bodichiev « tombe en retraite » comme on dit en Touraine, avec quelques aperçus de la vie de certains de mes personnages secondaires – et pas de morts, sauf une sans doute, d’un des protagonistes historiques du cycle. Écriture sans pression, de pur plaisir, avant de revenir à un roman de fantasy laissé mijoter à feu doux (52 000 signes) et dont les idées poussent lentement.