Archives de catégorie : journal
#2380
Peu bavard sur cette page en ce moment, yep, je suis occupé — et vais être en déplacement tout l’temps pour plein de salons sur une quinzaine de jours… Ça commence dés demain, avec un aller-retour à Arles pour la réunion Harmonia Mundi, puis vendredi direction Paris pour interviewer Isabelle Franquin. Samedi, Paris toujours, je serais en dédicace à la librairie l’Antre-monde, viendez les gens (142 rue du Chemin Vert dans le 11e, à partir de 15h30). Et le soir même, je filerai au salon de St Malo, où je vais tenir un stand avec mes amis des « Indés de l’Imaginaire », le dimanche et le lundi… (fort heureusement, une gentille cousine me loge à St Malo) Et la semaine suivante, on file à Épinal pour les Imaginales (cette fois, je vais bénéficier de l’hospitalité de Johan Heliot), puis dans une tentative d’ubiquité je filerai le dimanche à Paris avec l’un des Mnémos, pour finir le salon Geekopolis. Ouch. Moi qui suis casanier, vous imaginez l’effort?
#2378
Les braderies ne sont pas chose courante à Lyon, mais aujourd’hui c’était le jour du vide-grenier de la place des Archives et du cours Charlemagne. N’ayant pas le talent de l’oncle Joseph, je n’y ai pas déniché des tonnes de livres extraordinaires, mais tout de même, une jolie petite trouvaille: Les Aventures de Mademoiselle Hortense. Un album pour la jeunesse, genre roman illustré, par Merman Grégoire, dessins de Roger Sam (un dessinateur comique, j’ai déjà vu sa signature dans des revues d’humour ; c’était le beauf de Frédéric Dard, me souffle-t-on), publié à Lyon en 1944 (éditions Archat). Et il y a tout ce qu’il faut pour plaire, dans cet ouvrage: de la science-fiction (la voiture futuriste Orza), de la Ruritanie (le royaume balkanique secret de Montorza, dont proviennent la voiture et son conducteur, le jeune prince Armor), du fantastique (maison hantée avec fantôme), de la fantasy (un dragon!), du polar (intrigues de palais)… Et en plus, ça se déroule en partie en Touraine, la terre de mes ancêtres. Parfait, vous dis-je.
#2377
Ma CDthèque vient de passer chez le coiffeur. Enfin, du moins est-ce l’impression que cela me donne. Je m’explique: au sommet de la CDthèque, qui est large et massive, trônent plusieurs pots de plantes d’appartement. D’ordinaire, lesdites plantes (des misères, un bégonia exotique dont je n’ai jamais su le nom, ce genre de verdure) tombent en mèches et en frisures sur une partie des disques, mais aujourd’hui, le soleil m’a donné envie de faire un peu de jardinage de printemps. Il était grand temps, et maintenant que tout cela est coupé / replanté / nettoyé, soudain tous les CD sont visibles, et même ma petite collection de Nelson, sur le côté.
Oui je sais, c’est passionnant.
Bien entendu, je continue à avancer dans ma lecture des minces volumes du coffret Penguin Lines. J’évoquais en passant, l’autre jour, un écrivain de nature, Richard Mabey, que j’apprécie. Justement, il a lui aussi contribué à cette collection, avec le très attachant A Good Parcel of English Soil, sur la Metropolitan. Une histoire personnelle des banlieues créées par le métro dans les années trente, le « Metro-Land », ainsi que des interactions entre urbanité et ruralité, dans ces zones troubles que sont les banlieues et les zones de friches industrielles. Je commence à presque mieux connaître les noms anglais que français des plantes. Et me réjouis lorsque des références extrêmement british, comme le documentaire Metro-land de John Betjeman, me sont familières. Tout cela m’a remis en tête les extraordinaires balades vertes de mon dernier séjour londonien — je dois dire que cela me frustre considérablement, de savoir qu’un appartement à Londres m’est disponible plus ou moins quand je veux, et de ne pouvoir en profiter, moi qui ne rêvais que de ça depuis des années, parce que je n’ai pas un sou. C’est nul, d’être pauvre.
Je commence The Blue Riband de Peter York, sur la Piccadilly Line, mais ne suis pas sûr d’apprécier. Fort logiquement, Penguin a confié ce volume-ci à un patricien, à l’humour patelin et aux références tellement posh qu’il doit expliquer qui sont les gens qu’il name-drop (Lord Bidule de la société Truc, Sir Machin le boss de chez Chose)… Une vision du Londres du luxe et du pouvoir de l’argent, eh bien, comment? Je ne me sens pas très concerné par ses références non plus qu’en grande sympathie, disons. Et puis, le monsieur écrit assez mal, en particulier il mets en italiques le moindre mot à défaut de savoir exprimer plus implicitement ses mises en valeur, et ça m’agace un brin.
Entre-temps, tout de même aussi, un peu de fiction : le premier polar de Peter Robinson, que je ne me souvenais pas avoir lu, et surtout, un très beau et ambitieux roman de fantasy, le premier d’Anne Fakhouri, Le Clairvoyage. Il est très difficile de totalement réussir un premier roman (je suis bien placé pour le savoir, m’escrimant à essayer d’alléger et d’améliorer un peu le style de mon propre premier roman), à plus forte raison avec autant d’ambition et une influence aussi particulière que le Parlement des fées de John Crowley. Alors Anne part parfois un peu dans tous les sens, il y aurait des petites choses à reprendre, mais qu’importe en fait : voilà une œuvre d’une grande beauté, saisissante, captivante, j’ai été immédiatement envouté. Et ne vais pas tarder à lire la suite.
#2376
Lors de mon dernier passage chez les parents, j’ai fini de trier les disques vinyles, on a tout descendu du grenier et apporté des caisses et des caisses chez Emmaüs. Au fil des voyages en Touraine, j’ai finalement rapporté (je viens de compter) 26 LP de classique et 140 LP de pop-rock. Une goutte d’eau dans l’océan de vinyle qui pesait sur les poutres du grenier, mais une sélection amplement suffisante je pense — mon père ne souhaitait pas conserver ses LP classiques et la majeure partie des LP de pop-rock que je possédais ne m’intéressait plus, qu’il s’agisse d’albums que j’ai depuis racheté au format CD, ou le plus souvent de choses que je ne pourrais plus écouter. Il faut dire que les LP d’occasion, ça ne coûtait presque rien à l’époque, donc j’en achetais des tonnes, parfois juste pour une chanson, ou pour la pochette, d’autre fois simplement pour essayer. Au sous-sol des boutiques d’échange, à Notting Hill Gate, les LP valaient moins d’une livre sterling, et dans les braderies on trouvait également quantité de vinyles pour presque rien. Tirant mes vieux LP, j’ai donc constaté que la plupart ne présentaient plus guère d’intérêt pour moi — et même dans ceux que j’ai rapporté, en fait, se trouvent des albums que j’ai déjà en CD. Mais il y a un certain confort, un peu nostalgique, assez amusant, à se mettre à réécouter des 33 tours. Même les craquements d’usures font partie du charme, comme un discret feu de bois dans la cheminée des souvenirs… (oh gosh, les lieux communs)
Ce que je n’avais pas prévu, cependant, c’est à quel point le classement et le rangement de tous ces 33 tours allait faire office de madeleine (proustienne, la madeleine, pas « pleurer comme une »). Je le sais bien, la musique a toujours été pour moi liée à l’influence d’amis, liées à des relations, des conseils, plus encore que les livres. Il y a un rapport très émotionnel à la musique, et plein de mes souvenirs y sont liés. Parcourir ce que j’ai rapporté de mes LPs fait donc office de chronoarchéologie, chaque lot de disques étant comme une mince strate d’existence. Genre, les albums de musiques de films de western et d’Henri Mancini: mon adolescence. Idem le double album de génériques de séries télé, acheté dans le sud de l’Angleterre, à Bournemouth-Poole, lorsque j’étais en 4e. Jean-Patrick Capdevielle (ne riez pas) c’est juste un peu plus tard, le spleen adolescent — et des ambiances que je liais alors à celle des premières nouvelles de Roland C. Wagner. Roland aussi, mais ensuite, les Vietnam Veterans, un groupe français de rock psychédélique. Le chanteur gay Tom Robinson (qui depuis a viré sa cuti), découverte de Jean-Daniel Brèque lorsqu’il habitait près de Dunkerque (je crois que c’est l’unique LP véritablement inécoutable que j’ai rapporté: de la variété Eigthies à deux balles, eurk). A Day et A Night de Queen, pour moi inévitablement liés à mon amitié avec Philippe Caille (mais pourquoi n’ai-je pas retrouvé Jazz? Curieusement, je n’ai pas remis la main sur plusieurs LPs que je voulais spécifiquement, comme également les Hawkwind — visiblement des prêts qui ne me furent jamais rendus).
Voyons voir encore: La Mort d’Orion de Gérard Manset (ouch), Earth de Vangelis et ses deux albums avec Irene Papas, mon cousin Bruno Bordier, à Bordeaux. Mais aussi du Tim Buckley (pour les jeunes ignares, c’était le père de Jeff Buckley), du Renaissance, Bruno aussi. Redécouverte de Ricky Lee Jones, eh mais c’est toujours aussi superbe — influence de Bruno encore. Deux albums de Poco, influence de Francis Valéry quand j’étais étudiant à Bordeaux. Yes, Genesis, Caravan, King Crimson: ma découverte du progressive rock. The Wall des Floyd, du Supertramp: le lycée à Cergy-Pontoise, premier amour et premières peines. Ah, les Police tardifs — j’aime toujours. Pas du tout rapporté de Ange, que j’ai pourtant tant aimé mais que je n’arrive plus du tout à écouter. Mes années à Bordeaux: la découverte du néo-prog (le revival prog-rock anglais des années 80), Pallas, Exposure, Twelfth Night, certains achetés au Virgin Megastore historique de Tottenham Court Road, un live de Twelfth Night acheté chez Bulle place du Parlement Ste Catherine. Et les Cure, plein de Cure, quasiment le seul groupe de ces fichues Eighties que je trouve encore écoutable (hot damn, Bronski Beat…).




