Écrire à bas bruit, à voix basse, ce n’est pas le meilleur moyen de se faire entendre dans la cacophonie commerciale et réussissent sans doute mieux certaines grandes gueules qui l’ouvrent plus sur les réseaux qu’elles n’œuvrent à l’exigence littéraire – mais pour quoi au final ? Qu’est-ce qui restera ? La postérité est une loterie. Je réédite ces temps-ci de belles voix oubliées, Christine Renard et Jacques Boireau, progressistes et singulières. Et pour ma part je cesse peu à peu d’écrire, comme d’autres. Je termine deux novellae et ensuite ? Peut-être finir un autre court roman si mon camarade d’aventure s’en rend disponible, et la publication en septembre prochain d’un ultime petit recueil de mon détective. Le gros roman censé boucler ce cycle sortira-t-il ? Les éditeurs ayant demandé à le lire ne l’ont point fait, leur attention certainement demandée par de plus grandes clameurs. Tant pis, personne n’est indispensable et puis, avec la mort de mon parrain mon tranquille « espace d’écriture » a disparu. Alors lire, éditer, publier, faire libraire, faire salon, se promener, mais ne plus écrire ma foi.
Archives de catégorie : journal
#6025
#6024
Au détour d’une rue proche, la grâce des premières fleurs d’un abricotier. L’ami en visite ces derniers jours, venu de la profonde campagne, trouva mon quartier bruyant quand j’en goûte au contraire le calme, à peine rehaussé d’un passage de train et, en ce moment, par les vols de grues cendrées, claironnant dans le ciel gris, ou par le tapotement des averses.
#6023
#6021
Insomnie du petit matin, qui permet d’entendre sur le quartier le branle-bas confus et heurté des camions d’éboueurs, tandis que la ville demeure encore « In the expectant greyness which was only just less than the night’s dark » comme écrirait Margery Allingham ; mais c’est du français que je lis, la troisième et dernière arthuriade d’Alex Nikolavitch, beau manuscrit qui ne me demande presque que fluide et captivante lecture.