Un vieux copain est mort la nuit dernière, celui qui pendant une poignée d’années à la fin des années 1990 co-dirigea avec moi le fanzine Yellow Submarine et même, l’imprima, celui que je surnommais alors le Bosco, moi qui étais le Capitaine. Joseph Altairac. Je ne sais même plus quand je l’ai rencontré, ayant l’impression de toujours l’avoir connu, ce cher collectionneur fou, cet érudit incroyable ; à Ermont chez ses vieux parents, ensuite dans son encombré et craquelant petit appartement du XVIIIe, et puis surtout, depuis toujours aussi, lors des rencontres de la Braderie de Lille. Je réalise à peine combien tant de choses ne seront plus jamais pareilles. L’impression d’avoir perdu un repère.
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#2954
J’ai donc posté ou ups-é mes cadeaux de Noël à qui de droit, puisque émerger de mon ermitage ne semble plus au programme. Triste. Au-delà de la question des librairies, celle des commerces de proximité fermés au profit des seules grandes surfaces agite soudain ces mêmes maires qui depuis si longtemps invitent goulument en périphérie les supermarchés qui vident leurs centre-ville. Curieux. Et hier soir un froissement soudain dans l’entrée alerta les chattes : quelqu’un venait de glisser un paquet de bonbons par la fente postale, gentille attention certainement d’un Halloween confiné, las il s’agissait de confiserie industrielle à base de cochon mort, ce fut poubelle immédiate. Amusant. Je retourne lire.
#2950
Ayant fait un saut dehors pour aller déposer moult courrier dans l’unique et lointaine boîte-aux-normes, et slalomé entre les parents-avec-enfants d’un trottoir à l’autre (apparemment avoir des mômes confère l’immunité contre la covid, puisque ces vaillants reproducteurs de la race ne portent surtout pas de masque), je rentrais tranquillement en savourant la grande et belle lumière de fin de journée, lorsqu’un peu de pluie est tombé sous le soleil, chaque goutte en or fondu, un véritable ravissement — mais alors que j’arrivais à ma porte, j’entendis derrière moi un grand vlaouf ! et n’eus que le temps d’ouvrir pour éviter la soudaine averse d’orage. Je crains que les parents-avec-enfants n’aient été copieusement trempés.
#2946
Faire quelques pas dehors et passer la main dans les tomatiers, dans les romarins et sur la bouillée de thym (« bouillée » est un terme tourangeau, cherchez pas) afin de respirer les bonnes odeurs, c’est le sublime minuscule d’un bout de jardin, si petit soit-il. Un plaisir olfactif, les senteurs, vertes, piquantes, sucrées. L’autre soir, la petite chatte tricolore en rentrant du dehors avait son pelage qui embaumait le thym, pas besoin de se demander où elle venait de dormir (un grand principe félin, cela : faire une bonne sieste avant de se coucher, afin d’être bien reposée pour dormir la nuit).
#2945
Marchant dans la douceur du soir et par les rues à peine teintées de rose sous le ciel d’un bleu sombre, je me persuaderais presque que le désordre du monde n’atteint pas la tranquillité sud-bordelaise. Illusion certes, et sans même songer aux couteaux qui jaillissent du côté de la gare, le passage trop rapide d’une voiture où boum-boum l’agression vulgaire et scandée d’un gangsta-rap remet bien vite en mémoire un certain culte de la malveillance – mais je continue du même pas et, canne en main, poursuis mon chemin.
